Émancipation


tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires (Revue n°9 de mai 2022)

Un antiféministe élu à la présidence de la Corée du Sud

Le 10 mars dernier, Yoon Suk-yeol, candidat du PPP (Parti du pouvoir au peuple) a remporté l’élection présidentielle en Corée du Sud. Celui qui prendra ses fonctions en mai prochain, avait fait campagne en proposant un assouplissement du droit du travail, visant le salaire minimum et le temps de travail maximum. En tant qu’antiféministe assumé, il a promis d’abolir le ministère de l’Égalité hommes-femmes dont les missions consistent notamment à lutter contre la violence domestique et le trafic d’êtres humains. Niant l’existence des discriminations subies par les femmes, il a bénéficié particulièrement des suffrages des hommes jeunes : une enquête récente montre que près de 70 % des trentenaires hommes, se considèrent comme discriminés et sont opposés au féminisme.

De nombreux mouvements féministes ont émergé dans les années 2010 : des Coréennes décidées à s’affranchir de cette société patriarcale centrée sur la famille, baignée par les valeurs du confucianisme. Leur combat va devenir encore plus rude et plus essentiel dans les années à venir.

Joëlle

Les réfugiées en danger

Les réfugiés ukrainiens sont en majorité des ukrainiennes, les hommes en âge de se battre étant majoritairement restés dans leur pays. Parmi ces ukrainiennes, dont le nombre ne peut être recensé à ce jour, certaines ont subi des viols en Ukraine, notamment dans la région de Butcha. 2,5 millions de réfugié·es ont traversé la frontière les séparant de la Pologne, mais beaucoup de femmes victimes de viols n’osent pas se réfugier dans ce pays en raison de sa législation stricte sur l’avortement. Le viol y est reconnu comme raison “valable” de pratiquer l’IVG, mais aucune preuve ne pouvant être apportée, il est difficile voire impossible de faire reconnaître ce motif. Cela est alors une porte de plus qui pour elles se referme. Ces femmes isolées et vulnérables sur le chemin de l’exil sont parfois aussi la proie de trafics et agressions. Des couloirs humanitaires et une législation pro-avortement sont donc essentiels… Cette vulnérabilité concerne bien sûr également les réfugiées qui depuis des années affluent du sud, et elles aussi ont des récits terribles à nous faire. Une véritable prise en compte de la situation de ces femmes doit exister pour un traitement spécifique des femmes réfugiées.

Véronique

Le saviez-vous ?

• Sur 1,3 milliards de personnes vivant dans la pauvreté, 70 % sont des femmes. Dans les zones urbaines, 40 % des foyers les plus pauvres sont dirigés par des femmes.

• Les femmes sont les principales productrices de nourriture dans le monde (50-80 %), mais ne sont propriétaires que de moins de 10 % des terres.

• Quatre-vingts pour cent des personnes déplacées à la suite de catastrophes ou changements liés au climat sont des femmes et des filles.

• Les changements climatiques peuvent provoquer plus de violences basées sur le genre, une augmentation des mariages d’enfants, et une aggravation des problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive.

Solidaires et égales du 4 mars 2022