Le congrès de la FSU se poursuit ce mercredi après-midi avec un thème 3 assez vaste. Le début d’après-midi a été marqué par l’intervention des représentant.es de Solidaires et de la CGT (avec son secrétaire général). Les militant.es d’Emancipation ont procédé à une action militante rappelant la nécessité de lutter contre ce gouvernement et / ou le suivant pour défendre les solidarités, et en premier lieu la Sécurité sociale (encore un peu davantage mise à mal par la signature de l’accord PSC) : une jolie banderole pour la défense de la sécu déployée pendant le discours du secrétaire général de la CGT, depuis le balcon dans lequel se trouve la délégation Emancipation.
Les débats on été nourris dans ce thème. Comme pour le précédent thème, nous ferons un compte-rendu plus détaillé.
Collier de perles
On signalera quand même qu’il y a de tout dans ce congrès. Depuis des interventions très pertinentes, jusqu’à des enfilages de perles (entendu dans une commission : « Nous ne sommes pas là pour débattre de questions de fond »). Globalement le congrès est routinier avec peu d’aspérités, éventuellement avec des rémanences du passé, comme par un exemple une ou deux délégations qui ne sont pas encore au courant que Brejnev n’est plus de ce monde (délégation du SNEP). Toutefois, dans le thème 3 il faut noter que pour la première (et peut-être la seule fois ?) des militant.es de a tendance « Ecole Emancipée » sortent de la logique de co-gestion de l’appareil pour poser des questions fortes : sur le droit de vote des étranger.es, la critique de l’impérialisme français et la solidarité anti-colonialiste… même si globalement les textes seront ceux d’un syndicalisme de sommet, y compris sur les questions où la FSU prétend être à la pointe. Par exemple sur le féminisme et le 8 mars (question de la grève féministe) : des prétextes dilatoires pour ne pas travailler avec les collectifs féministes auto-organisés dans la perspective de la grève féministe… plus que telle ou telle revendication, c’est probablement le fait qu’ils soient auto-organisés qui pose en fait problème, pour les directions de la FSU mais aussi de la CGT et de Solidaires.
On notera cela dit des votes intéressants, par exemple certains amendements d’Emancipation ou de l’Ecole Emancipée sur les libertés démocratiques, l’anti-impérialisme, qui ont fait des scores non négligeables (le droit de vote des étranger.es à toutes les élections dépasse 50%, le désarmement de la police et l’interdiction des armes létales et non létales pour la police, les ventes d’armes à l’étranger et la complicité avec des régimes obscurantistes et réactionnaires…).
Mais voici dans l’immédiat les interventions des camarades d’Emancipation, les textes proposés par eux / elles au congrès, ainsi que les résultats des votes.
Intervention Emancipation : motion sur la protection sociale
Je viens ici pour présenter et défendre une motion proposée par Emancipation sur la protection sociale. Elle a pour titre, Retrouver l’offensive. En effet, il est temps de reprendre l’offensive sur la protection sociale et renouer avec l’histoire ouvrière conquérante qui a su mettre en place et gérer le régime général de sécurité sociale ou encore les caisses d’allocations familiales. Ce début de subversion communiste de la valeur, par le processus d’une socialisation massive d’une partie de la valeur ajoutée des entreprises, trace un chemin désirable qu’il nous faut emprunter à nouveau.
Autant le dire toute de suite, signer la protection sociale complémentaire renie tout cette histoire tant elle apparait comme un outils de destruction majeure de la logique poursuivie dès 1946 par les militants CGT : cette signature est un boulet pour tous ceux qui entendent poursuivre le rapport de force avec la classe bourgeoise qui n’a jamais pu supporter cette construction communiste.
C’est bien contre cela que se construisent, dès 1945, les contre-réformes bourgeoises : il faut en finir avec la douce fable d’un accord général à la Libération. Ce qui est insupportable pour la classe bourgeoise c’est un financement par des cotisations injustement appelées patronales tant le patron n’a rien à voir avec la production de ces cotisations. Il ne faut donc pas seulement demander la fin des exonérations mais bien repartir à la hausse comme cela s’est fait régulièrement et de manière massive entre 1946 et 1979. Nous sommes bien sûr opposés à toute tentative de fiscalisation des recettes de la sécu quelle qu’en soit la forme que cela prend contrairement à ce que dit le texte : il faut comprendre cette fiscalisation comme une prise de contrôle par l’Etat bourgeois qui ne supporte pas que les travailleurs gèrent eux-mêmes, comme ce fut le cas à l’origine ; nous rappelons notre exigence de retour immédiat à des élections des représentant.es des salarié.es pour gérer la Sécurité sociale au sein de Conseils d’administration de plein exercice ; nous visons à terme la gestion pleine et entière de la Sécurité sociale par les seul.es travailleur.ses.
Enfin, tout en réaffirmant le retour à un régime général unique et à taux unique, nous savons que la sécu actuelle ne recouvre pas toute la protection sociale : il est désormais temps d’étendre cette socialisation communiste de la valeur à d’autres domaines comme peut le proposer la réalisation de la sécurité sociale de l’alimentation. C’est quand même plus respectueux de notre histoire, plus désirable et surtout plus sérieux et plus responsable que de signer un accord comme la protection sociale alimentaire.
Intervention Emancipation sur la Palestine
Membre d’Emancipation, j’interviens sur la Palestine pour présenter :
– un amendement du paragraphe 218 adopté dans le 95 : il vise à dépasser la divergence entre tenants des 2 États et d’un État binational. Le processus d’Oslo évoqué dans notre texte a 29 ans ! Là-bas, il n’est plus repris par personne ! A la FSU, nous défendons des valeurs communes pour un ou deux États, à la condition qu’ils soient laïques et égalitaires.
– je présente aussi une motion, travaillée avec Pierre Stambul, pour nous investir mieux.
En Israël et en Palestine, la situation s’aggrave. Dans la FSU, elle progresse, déjà car nous parlons désormais d’apartheid.
Il y a eu des débats intenses en commissions hier. Sachez qu’hier aussi, Amnesty International a publié un rapport pour aboutir aux mêmes conclusions.
Sachez aussi que les dirigeants israéliens ont voté une loi qui définit « Israël, État Nation du peuple juif » : seuls les Juifs ont droit à la nationalité et à l’autodétermination. Et les autres ?
Pour l’anecdote, je suis sous le choc, car ma mère est israélienne : avec des anticolonialistes, ils aidaient la semaine dernière des Palestiniens à replanter des oliviers. Ce sont les colons d’en face qui sont venus les tabasser, envoyant 7 juifs israéliens à l’hôpital. Cela a été un petit scandale médiatique, surtout car des juifs s’attaquaient à des juifs.
Mais la situation des Palestiniens est tellement pire, ils sont opprimés et fragmentés.
S’il y a une seule bonne nouvelle là-bas, c’est que face à la colonisation à Jérusalem, tous les Palestiniens ont manifesté ensemble en mai 2021. Du coup, ils ont été réprimés ensemble, très violemment.
Les textes proposés par la FSU sont en progrès aussi car nous appuyons désormais la campagne BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanction.
C’est la seule à même de donner du poids à notre solidarité avec la société civile palestinienne.
Résistons au chantage à l’antisémitisme !
Résistons au sionisme !
Mettons cette campagne de Boycott et de Sanctions en œuvre :
– localement, dans les cantines scolaires et professionnelles, par exemple,
– et nationalement, en obtenant des sanctions d’Israël, spécialement de la part de l’Union Européenne et de la France, qui sont complices.
Reprenons toutes les revendications de la plate-forme BDS de 2005 :
– fin de l’occupation et de la colonisation,
– libération des prisonniers,
– fin du blocus de Gaza,
– destruction du mur,
– égalité des droits
– droit au retour des réfugiés palestiniens.
Intervention Emancipation : état d’urgence sanitaire, pass vaccinal
Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ?
C’est ainsi que nous apprenons à nos élèves à comprendre un texte narratif. Comprenons donc la navrante histoire qui nous arrive.
Qui ? Un président émule de Thiers.
Où ? Dans un « conseil de défense », avec un Parlement devenu une chambre d’enregistrement et un conseil des ministres devenu un véritable perroquet de Macron.
Quand ? A la faveur d’une pandémie. Quoi ? Un état d’urgence sanitaire, un pass vaccinal.
Pourquoi faire ? Pour mettre sous le boisseau la contestation sociale, la jeunesse, le monde du travail.
Avec quelles conséquences ? Des atteintes graves à nos libertés fondamentales : liberté de se déplacer, de se cultiver, de disposer de soi-même. Des privations de revenus de travailleurs et travailleuses mis.es à l’index.
La FSU, qui se proclame syndicat de lutte, syndicat de transformation sociale, se doit de prendre la mesure de ces atteintes intolérables.
Avec un gouvernement d’obédience ordo-libérale, ces mesures de contrôle social ont vocation à s’inscrire dans la durée. Nous devons donc le dénoncer et le dire clairement, revendiquer la suppression de l’état d’urgence prétendu sanitaire et du pass vaccinal.
Amendement Emancipation : « La FSU demande l’abandon du pass vaccinal » (120 pour).
L’amendement d’Emancipation pour l’abrogation de l’état d’urgence sanitaire est par ailleurs retiré au profit d’un amendement de la section départementale 93 portant la même revendication (205 pour, 196 contre, 70 abstention, 91 refus de vote).
Intervention Emancipation : motion sur la grève féministe
Depuis nos congrès départementaux, s’est tenue, les 22 et 23 janvier derniers, une rencontre de la coordination nationale féministe. Cette coordination, créée, pour regrouper les différents collectifs auto-organisés en France, a pour ambition de construire la grève féministe d’une part, et de lier mouvement féministe et mouvement social d’autre part. Lors de ces rencontres, 300 personnes, une centaine de collectifs, ont discuté notamment de deux sujets centraux :
– la grève féministe, dans la perspective de la construire sur le temps long,
– la lutte contre l’extrême droite
Les trois fédérations syndicales, CGT, FSU, Solidaires étaient invitées et deux ont décliné, notamment sur la base de certains de leurs mandats. Pourtant, l’appel de fin de cette coordination tend une nouvelle fois la main aux organisations syndicales pour construire ensemble une véritable grève féministe.
A l’heure où la FSU se mandate pour porter la grève féministe, il faut se doter de tous les moyens pour la réussir. Or, alors que nous avons longtemps déploré la construction d’un féminisme en dehors des syndicats ; alors que nous avons constaté la méfiance des collectifs, y compris parfois de travailleur.ses vis-à-vis des syndicats, ce serait une erreur de se détourner de cette main tendue, dans un contexte où le mouvement féministe se structure et aspire à plus de démocratie.
Comme dans tout cadre unitaire, une unité tactique et stratégique de construction de la grève féministe ne suppose pas de se dissoudre dans le cadre ou de dissoudre nos mandats. Nous nous organisons dans de tels cadres tous les jours, avec d’autres syndicats qui ne portent pas tous les mêmes mandats que nous. Cela nous empêche-t-il des stratégies communes sur des sujets précis ?
A l’heure où les femmes continuent à subir des violences accrues, à l’heure où aucun moyen n’est mis en œuvre de manière suffisante pour construire l’égalité salariale, à l’heure où la précarité s’accroit pour les femmes et minorités de genre; à l’heure aussi où les femmes se mobilisent, où certains secteurs comme les sages femmes, les AESH, les travailleuses du nettoyage et d’autres se mettent en grève, nous avons une responsabilité énorme dans la construction d’un mouvement féministe d’ampleur.
C’est le sens de cette motion qui appelle à soutenir et défendre les premières de corvée mais aussi à prendre contact avec la coordination féministe qui nous a tendu la main. Donnons-nous les vrais moyens de nos mandats !