Adopter un positionnement syndical conséquent de la FSU en soutenant la lutte des sans-facs de Nanterre et leur compromis !
Depuis juillet, des étudiants sans-facs soutenus par des syndicalistes de l’Unef ont engagé une lutte sur l’université de Nanterre pour réclamer leur inscription. Ces jeunes, laissés sans inscription universitaire, sont les victimes collatérales de la politique de pénurie budgétaire menée sur les universités, de la politique de sélection sociale qui sévit dans le système éducatif français, de la maternelle à l’université, et qui est renforcée par la mise en place de Parcoursup.
Le combat qu’ils ont engagé est celui du droit fondamental à l’éducation pour toutes et tous.
Suite à une rupture des négociations par la présidence de l’université, les sans-facs et leurs soutiens ont engagé une action syndicale d’occupation des locaux de la présidence. Elle dure depuis le 27 octobre. Ce combat, de par la légitimité de la revendication, le droit inaliénable de pouvoir étudier, a reçu un très large soutien syndical, politique, associatif et de personnalités diverses. Tous les syndicats étudiants, l’UNEF, Solidaires, la FSE, ainsi que la FCPE nationale et Voix lycéenne, soutiennent la lutte des sans-facs.
Toutefois, les syndicats des personnels de l’université, dont ceux de la FSU, ont refusé de soutenir la proposition de compromis des sans-facs en lutte : l’inscription de 41 dossiers à l’université de Nanterre et 20 autres dans des universités franciliennes. L’argument mis en avant par les structures locales du Snesup et du Snasub est le fait que l’inscription de ces étudiants supplémentaires dégraderait encore davantage les conditions de travail des personnels de l’université déjà fortement mises à mal par la pénurie budgétaire dont est victime l’université publique. Les sections locales du Snesup et du Snasub ont appuyé la posture de la présidence de l’université disant qu’elle ne peut accueillir tous les étudiants et s’en remet donc au rectorat, allant même jusqu’à expliquer que l’université de Nanterre ferait « plus d’efforts que les autres » pour recevoir les étudiants et étudiantes.
Ces arguments nous semblent à l’opposé de ce que notre fédération défend depuis des années, notamment aux mandats définis lors du dernier congrès. La FSU se positionne contre la loi ORE, contre Parcoursup, contre la sélection. La FSU demande un plan pluriannuel d’affectation des moyens pour ouvrir des places, accueillir et faire réussir toute et tous les étudiant.e.s.
Dès 2018, le Snesup-FSU, aux côtés des autres organisations syndicales, a exigé la restauration du droit pour tous les bacheliers d’accéder à la formation universitaire de son choix. Il a appelé les collègues à favoriser l’inscription des bacheliers et bachelières dans la formation de leur choix et à classer les dossiers « ex-æquo ».
En toute logique, ces mandats devraient conduire notre organisation à soutenir infailliblement la lutte des sans-facs, à exiger que le Ministère, le rectorat et la présidence de l’université cessent de se renvoyer la balle, et à réclamer des moyens conséquents pour pouvoir accueillir dignement tous et toutes les étudiant.e.s, dans le respect des conditions de travail des personnels.
Au contraire, arguer qu’accueillir les sans-facs qui demandent leur inscription aggraverait les conditions de travail des personnels nous semble être un pas franchi dans la logique de l’acceptation de l’austérité budgétaire, des « capacités d’accueil » auxquelles nous avons toujours opposé l’exigence d’un financement conséquent de l’université. Pire, elle participe à l’opposition des intérêts des personnels et de ceux des étudiants, division vers laquelle le ministère cherche toujours à nous pousser.
Du fait du refus de la part du Snesup et du Snasub de l’université de Nanterre de soutenir la lutte des sans-facs, la FSU se retrouve donc en extériorité totale du très large soutien extérieur qui s’exprime par le biais de rassemblements, de communiqués unitaires, de meetings et d’actions de solidarité… Après plus d’un mois et demi de lutte et alors qu’un protocole de sortie d’occupation est depuis des jours sur le bureau de la présidence, nous militants de la FSU, membres de ses différents syndicats nationaux, ne pouvons pas assumer ce positionnement de notre fédération syndicale.
Aussi, aujourd’hui nous demandons publiquement que notre fédération prenne explicitement une position de soutien à la lutte des sans-facs de Nanterre. De même, nous condamnons fermement la présence, jour et nuit, de vigiles. Leur entrave à l’expression du droit syndical ainsi que leur tentative de se poser en arbitre d’une lutte sociale sont inadmissibles et n’entrent en rien dans leurs missions. Le plus grand danger aujourd’hui pour ces jeunes mobilisés, est social et a pour nom la sélection.
La lutte des sans-facs remet en avant la lutte contre la loi ORE, contre Parcoursup, contre la sélection à l’université. Elle est un tremplin formidable pour remettre sur le devant de la scène la bagarre pour un véritable investissement de l’éducation, pour exiger de véritables moyens pour ouvrir des places, accueillir et faire réussir toutes et tous les étudiant.e.s, comme le réclame notre fédération.
C’est pourquoi, nous militants de la FSU nous nous positionnons pour l’inscription immédiate à l’université de Nanterre des dossiers portés par les occupants sans-facs et leurs soutiens.
Nous demandons donc à M. Gervais-Lambony d’accepter dès maintenant le compromis des sans-facs.
Aurélie Brevet, Snes-FSU 78 / Laura Cleuet, PE, Snuipp-FSU 92 / Marine Dageville, Snes-FSU 92 / Quentin Dauphiné, Snes-FSU 83 / Mathilde Eisenberg, PE, Snuipp-FSU 92 / Laura Fratoni, Snes-FSU 92 / Aurélien Gavois, Snes-FSU 93 / Frédéric Grimaud, Snuipp-Fsu 13 / Louison Jay, Snes-FSU 38 / Catherine Jégoiu, Snes-FSU 95 / Annabelle Jugau, PE, SnuippFSU 95 / Marie Kerfriden, PE, Snuipp-FSU 92 / Emmanuelle Laignel, PE, Snuipp-FSU 92 / Anne-Véronique Pallissier, PE, Snuipp-FSU 95 / Armelle Pertus, PE, Snuipp-FSU 92 / David Pijoan, Snes-FSU 33 / Karine Prévot, Snes-FSU 44 / Omar Slaouti, Snes-FSU 95 /
Hayat Souty, PE, Snuipp-FSU 95 / Djémaia Tolba, AESH, Snuipp-FSU 92 / Jean-Baptiste Tondu, Snes-FSU 95.