Émancipation


tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires (revue n°03 de novembre 2021)

Sorcières ! des femmes subversives

Les Sorcières d’Akelarre, film espagnol sur une chasse aux sorcières au pays basque en 1607. Le thème de prédilection de Pablo Agüero, réalisateur argentin, est la lutte des femmes pour survivre dans une société machiste et répressive. À travers la thématique de la sorcière le réalisateur veut montrer ce regard à la fois fasciné et effrayé par lequel les hommes de pouvoir, ici le juge inquisiteur, enferment les femmes dans une image fantastique pour mieux les diaboliser, attribuant une origine diabolique à la beauté et à la sensualité des femmes. Le film apparaît comme une dénonciation du fanatisme, de la cruauté, de la bêtise, tout en montrant le mécanisme de fabrication de coupables pour un crime qui n’existe pas ! C’est que l’inquisiteur perçoit ses victimes comme des objets de désir et sa haine violente vient justement du refoulement de sa propre libido. La joie de vivre de ces femmes est subversive pour la pensée dominante comme peut l’être aussi l’envie de liberté assimilée à des rites sataniques : “Il n’y a rien de plus dangereux qu’une femme qui danse” dit le juge.

Édouard

Talibans au pouvoir, droits des Afghanes en danger

La guerre “contre le terrorisme” des puissances occidentales est un fiasco gigantesque qui a, de fait, renforcé les rangs des djihadistes, et a justifié les délires sécuritaires et “état d’urgence”, notamment en France. Aujourd’hui, en Afghanistan, les talibans ont fermé le ministère des affaires féminines pour le remplacer par celui de la “prévention du vice”, Sic ! Et la rentrée scolaire 2021 a été 100 % masculine après des droits difficilement ouverts entre 2001 et 2021 pour les enfants, faisant passer le nombre de filles et de garçons scolarisé·es de 1 à 9 millions.

Comment concrétiser notre solidarité avec les femmes de l’Afghanistan ? Alors que l’accès à l’école, à l’Université va leur être quasiment impossible, du fait de la non mixité imposée par les talibans ? Contraintes vestimentaires (port du voile intégral), insuffisance de moyens matériels et financiers des universités, manque d’enseignantes, sont des obstacles insurmontables qui poussent celles qui veulent étudier à quitter le pays. Comment peser pour que l’accueil des Afghan.es soit inconditionnel alors que ce ne serait pas les talibans qui refuseraient leur départ mais bien le gouvernement français qui va jusqu’à refuser de leur donner des visas ? (Source France culture, 25.9.2021).

Emmanuelle

Mais que fait la police ?

Alors que certains commissariats ne transmettent même pas les dépôts de plainte de violences faites aux femmes au Parquet, ce qui a des conséquences mortelles, et face à la très mauvaise prise en charge dans les commissariats de France des femmes victimes de violences sexuelles, un mouvement collectif se construit. Le mouvement Double peine est né d’une première série d’interpellations postées sur twitter le 28 septembre concernant le commissariat de Montpellier, twitte dénonçant l’attitude choquante de fonctionnaires de police traitant ces plaintes.

Dimanche 10 octobre, des centaines de militant·es ont manifesté devant ce commissariat, pendant que cent avocat·es se joignaient à l’initiative de deux consoeures qui ont signé une tribune dans le JDD : “Violences sexuelles : en finir avec l’épreuve du dépôt de plaintes”. Depuis un mois, des centaines de témoignages de Mont-de-Marsan, Paris, Marseille, Grenoble, Bron, etc. sont parvenus sur le site Double peine.fr ainsi que des milliers de messages sur les réseaux sociaux.

Que ce site existe est un “soulagement”, et peut-être, évitons la “case commissariat” : portons plainte directement au parquet en recommandé avec A.R. À suivre !

Emmanuelle


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