Ce Conseil national, notamment consacré à la préparation du congrès national de la Fédération, aurait pu ne pas présenter d’intérêt particulier pour les mobilisations des travailleur.es.
Pourtant, le premier jour a été le lieu d’échanges importants et intéressants. Il a été possible de détailler, secteur par secteur, les souffrances et les régressions dont le pouvoir macronien est responsable : depuis l’école primaire (loi Rilhac) jusqu’au traitement scélérat des réfugié.es e migrant.es.
Mais il a été possible aussi de mesurer que le contexte politique réactionnaire et la pré-campagne électorale n’ « écrasent » pas les potentialités de mobilisation. Ainsi les mobilisations des étudiant.es dans les STAPS (supérieur), celles des profs d’école contre la volonté de faire des directeur.es d’école des supérieurs hiérarchiques (dizaines d’écoles boycottant la mise en place du choix des enseignant.es par les directeur.es à Marseille), etc.
Ces débats ont trouvé un certain écho le lendemain, le texte « action » présenté par la direction de la FSU commençant à reprendre de façon, parfois de façon claire mais aussi parfois de façon limitée, les revendications qui s’imposent. Ainsi sur le pass sanitaire et « l’état d’urgence sanitaire » (« pour la FSU, la question de l’abandon de l’état d’urgence sanitaire se pose légitimement »), les mesures de Macron concernant les écoles de Marseille (« la FSU demande l’abandon du projet présenté par le président de la République permettant aux directeurs de 50 écoles de Marseille de recruter les enseignant-es »)… mais aussi concernant la solidarité avec les migrant.es, la libération du militant Georges Ibrahim Abdallah, la levée des OQTF frappant des sans-papiers ayant participé au contre-sommet France-Afrique, etc. A noter que dans la Fonction publique a été lancée en septembre une « conférence salariale » : le gouvernement n’entend nullement consentir à des concessions salariales, mais au contraire veut mettre en cause le principe même de grilles salariales liées au point d’indice de la Fonction publique. La FSU envisage de proposer à l’intersyndicale de quitter ces « concertations ».
Pour autant, une partie de ces revendications restent à concrétiser sur le terrain. Et surtout, l’orientation générale de la direction de la FSU reste celle d’un appareil réformiste et corporatiste refusant de s’appuyer sur la colère des personnels, l’auto-organisation des luttes et les secteurs les plus mobilisés, la jonction entre personnels mobilisé.es. Et cela au profit d’une poursuite imperturbable du « dialogue social », de la construction de mobilisations par en haut mais aussi d’un espoir dans une hypothétique alternance électoral de « gauche » comme seule possibilité pour la victoire des luttes (puisqu’elle écrit « Pour redonner espoir et favoriser les mobilisations, une alternative politique à gauche est nécessaire »)… ce qui en fait peut au contraire les rendre plus difficiles en les subordonnant à une victoire électoral aléatoire.
Dans ce Conseil national les camarades d’Emancipation ont déposé une contribution (que vous pouvez lire ici) traçant d’autres perspectives, axées sur la question de l’auto-organisation et de l’articulation entre les luttes d’une part, et du combat contre la politique de Macron au service du capitalisme d’autre part, comme fils directeurs de l’action syndicale. Certaines de nos propositions sur des points ponctuels ont été reprises totalement ou en partie (solidarité avec les sans-papiers menacés par une OQTF suite au contre-sommet France-Afrique, soutien au droit à l’auto-détermination du peuple kanak pour le référendum de décembre 2021). Mais les divergences d’orientation majeures sont toujours là, par exemple sur le pass sanitaire.
Vous pouvez prendre connaissance de nos interventions et motions à cet endroit.
Les délégué.es d’Emancipation ont voté contre la plupart des projets de textes préparatoires au congrès national (qui ont comme base l’orientation de la direction de la FSU dont nous avons maintes fois analysé les carences).
Plus que jamais, il appartient aux personnels de prendre en main leur destin et leurs organisations syndicales, par l’auto-organisation à partir de la base et la jonction entre les secteurs en lutte.