Émancipation


tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires (revue n°01 de septembre 2021)

Nouvelle menace sur le droit à l’IVG aux États-Unis

En 1972, la Cour suprême des États-Unis a marqué le débat américain sur l’avortement et sa législation avec l’arrêt Roe v. Wade (410 U.S. 113). Cet arrêt historique reconnaît la constitutionnalité de ce droit. Depuis lors, le camp des pro-life n’a eu de cesse de s’y attaquer. Les États de l’Alabama, de la Géorgie ou du Texas ont restreint l’accès à l’IVG en adoptant des lois très contraignantes exigeant le consentement du conjoint ou des parents pour les mineures, imposant une période d’attente avant l’intervention. À noter également que dans ces mêmes États et d’autres, 95 % des comtés ne disposent plus d’établissements pratiquant les IVG.

Cet été, un nouveau cran a été franchi par le camp des pro-life. En effet, le 22 juillet dernier, le Mississipi a déposé un document judiciaire devant la Cour suprême américaine, lui demandant d’abroger le droit fédéral à l’avortement aux États-Unis.

La procureure générale du Mississippi, Lynn Fitch, (membre du parti républicain) a déclaré que la Cour suprême devrait annuler l’arrêt Roe jugeant que “la conclusion que l’avortement est un droit constitutionnel n’avait aucun fondement”.

Jusqu’à présent, la Cour suprême a refusé dans l’immense majorité des cas d’examiner les recours remettant en cause son arrêt Roe v. Wade mais cette fois-ci, elle a accepté de se saisir de cette loi. La nomination de trois juges pendant le mandat de Trump a fait largement basculer l’équilibre politique de la Cour en faveur des conservateurs. De quoi faire espérer aux anti-avortement que la Cour pourrait revenir sur certaines de ses précédentes décisions.

C’est sans compter sur la détermination des femmes à lutter pour le droit à disposer librement de leur corps, droit si chèrement conquis, aux États Unis comme ailleurs sur la planète.

Joëlle

Macron, Bolloré et les évêques en prison ?

Les religions monothéistes ont des positions réactionnaires concernant la condition féminine, c’est connu. Mais certains ne se gênent pas pour faire deux poids, deux mesures. Ainsi Darmanin veut faire destituer voire expulser de France deux imams, à Saint-Chamond (Loire), et à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), car ils “bafouent les règles et les valeurs de la République”. Qu’est-ce qui est en cause ? Des remarques sexistes et réactionnaires : “Femmes musulmanes, tâchez d’obéir aux droits d’Allah et à ceux de vos époux, restez dans vos foyers et ne vous exhibez pas de la manière des femmes d’avant l’islam” pour celui de Saint-Chamond, prêche critiquant les femmes “qui partagent sur les réseaux sociaux des leçons de maquillage ou des tenues qui mettent en valeur les formes de leur corps, qui sont habités par Satan” pour celui de Gennevilliers. Si effectivement ces propos et leur critique ont toute leur place dans cette rubrique… le gouvernement macronien lui non plus ne manque pas d’air. Fera-t-il démettre tous les religieux chrétiens et juifs qui font des citations de textes avec des remarques sexistes ? Démettra-t-il Macron avec sa sortie sur les vêtements des lycéennes (interview dans Elle du 1er juillet, concernant les “crop top” : “À l’école, je suis plutôt « tenue décente exigée »”). Fera-t-il démettre Bolloré, dont la chaîne C8 va passer Unplanned, un film anti-avortement réalisé par des chrétiens intégristes (aux États-Unis, seules Fox News et une chaîne religieuse ont osé en faire l’annonce) ? Ou veut-il tout simplement appliquer la loi réactionnaire sur les “séparatismes” en instrumentalisant une thématique féministe ?

Quentin