Édito
Pendant qu’une bonne partie des représentant·es du who’s who politique, syndical et associatif dénonce de loin les manifs anti Pass, montrant qu’elle n’a rien appris de ses erreurs passées, notamment au sujet des Gilets jaunes, des militant·es s’opposent aux fachos et complotistes qui tentent de prendre le contrôle des manifs. Ils/elles vont dans les manifs expliquer aux néo-manifestant·es, majoritaires dans la plupart des cortèges, que la lutte unitaire contre la politique autoritaire et répressive de Macron et la défense des revendications sociales et anticapitalistes sont plus porteuses que les confusionnismes racistes, réactionnaires ou simplement stupides (je renvoie à ce sujet sur le communiqué d’Émancipation, page ci-contre).
S’il est essentiel de dénoncer les mots d’ordre antisémites ou les comparaisons fumeuses avec le nazisme et de refuser de s’inscrire dans la dénonciation de la vaccination, il semble difficilement concevable de ne pas s’opposer au Pass sanitaire et la vaccination obligatoire, ni de ne pas les combattre dans la rue.
Ces deux mesures contestées sont présentées par le pouvoir comme les seules alternatives efficaces à une obligation vaccinale généralisée. Mais elles visent en fait à imposer cette dernière par des voies encore plus autoritaires et arbitraires. Avec en plus le fractionnement de la société, arme familière de Macron : désignation de boucs émissaires à la vindicte publique et institution de citoyen·nes et d’élèves de seconde zone. Elles font courir des risques supplémentaires dans la lutte contre l’épidémie. Ainsi, elles renforcent l’idée dangereuse selon laquelle le vaccin met à l’abri de la contagion par l’aberrante incitation à ne plus porter le masque, y compris à l’intérieur, dans les rassemblements exigeant le passe. Et l’argument selon lequel l’obligation de vaccination va priver de personnels, au moment où il y en a le plus besoin est pleinement vérifié par le délai obtenu par les soignant.es des territoires où la maladie flambe. D’autre part d’innombrables exceptions, fait du prince, relativisent leur efficacité et leur crédibilité. N’ont pas été assujettis à l’obligation de passe sanitaire, l’école, les rassemblements religieux, politiques, syndicaux, ainsi que… les cures thermales ! Quant à l’obligation de vaccination elle ne concerne que les personnels de santé et la fonction publique, à l’exception notoire de la police, dont le respect de la distanciation physique est bien connu, surtout à l’égard des jeunes et des exilé·es. Enfin, il n’y a pas d’obligation légale pour le secteur privé.
Mais le Pass sanitaire et les mobilisations qu’il suscite ne doivent pas faire perdre de vue les autres défis de cette rentrée pour le mouvement syndical, qui donnent déjà ou devraient donner lieu à des mobilisations à la hauteur.
L’éviction pour les élèves du secondaire non vacciné·es en cas d’élève(s) positif(s) dans la classe, est intolérable, parce que les vacciné.es ne sont pas à l’abri de la contagion, parce que les mineur.es n’ont pas l’autonomie de décision en matière de non vaccination et doivent tout de même en assurer les conséquences, parce qu’il s’agit là d’une double peine, car majoritairement les élèves non vaccinés rencontrent le plus de difficultés scolaires qui ne manqueront pas de s’aggraver avec l’enseignement à distance, surtout façon Blanquer.
Après le contrôle continu et le grand oral au Bac, après une rentrée de plus où rien n’a été préparé contre le Covid (effectifs, aérateurs, cantines…), le maintien de Blanquer à l’éducation confirme que la priorité est donnée aux milieux favorisés et à l’enseignement privé, y compris hors contrat. C’est l’ensemble de cette politique éducative ségrégative qui doit être combattue, sans attendre les trop lointaines journées d’action Éducation nationale et interprofessionnelles.
L’été et cette rentrée ont plus que jamais été marqués par des exemples des conséquences désastreuses des exactions du système économique et de domination du monde. Qu’elles soient climatiques avec les inondations, les canicules et les incendies catastrophiques, ou qu’elles soient le résultat de menées impérialistes, comme en Afghanistan où la piteuse retraite de la coalition US livre un peuple à tout ce que l’islamisme a pu sécréter de pire. Les mobilisations de solidarité contre ces drames doivent converger dans un vaste mouvement de lutte contre le capitalisme et ses serviteurs.
Olivier Vinay