Émancipation


tendance intersyndicale

Philosophie : mobilisation contre le bac Blanquer (mise à jour 30 juin)

Dans un certain nombre d’académies, des enseignant.es de philosophie sont dans l’action contre le « bac de philosophie » version Blanquer, et aussi – avec d’autres – contre le « grand oral » : il s’agit non seulement de combattre ses conditions et sa nature elle-même, mais plus profondément de lutter contre la politique de Blanquer et Macron. Il est impossible de répertorier toutes les actions, nous indiquons donc ci-dessous les mobilisations dans quelques académies. Vous pouvez aussi consulter le site de l’Association des professeur.es de philosophie (APPEP), qui donne des éléments d’analyse sur ces questions.

Aix-Marseille :

Appel à la grève du grand oral

Chères collègues,

Chers collègues, 

Une quarantaine de professeurs de philosophie de l’académie d’Aix-Marseille est entrée dans un mouvement clair : nous refusons d’ouvrir le logiciel Santorin et de corriger les copies de bac sous leur forme dématérialisée, et nous nous retrouvons chaque jour à la bourse du travail.  
La logique à l’œuvre dans cet acte violent, qui consiste à nous imposer un outil de travail dont nous ne voulons pas, poursuit cette même violence dont nous avons tous et toutes fait les frais cette année, élèves, professeurs ou citoyens : nous éloigner les uns des autres et multiplier les écrans différents entre nous, imposer une rationalité instrumentale, qui pousse les économies jusqu’à l’absurde, jusqu’à nous empêcher de faire correctement notre métier, jusqu’à dissoudre le lien qui fait la classe, qui fait les collectifs de travail. Qu’importe que les humains s’atomisent, du moment que les flux circulent ?
Par cette farce managériale dont ils ne sont même pas dupes, nos élèves apprennent à « jouer le jeu » : ils intériorisent les règles de la compétition économique et acceptent que tout autre modèle social est impossible.
Avec le mal nommé « Grand Oral », cette logique de rationalité économique ne se cache plus : non seulement on nous dépossède de nos outils de travail, mais nous devenons nous-mêmes des outils au service d’une entreprise inouïe de formatage de nos futurs citoyens dont les principales vertus ne seraient plus de savoir être en société, de s’écouter et construire ensemble, mais bien de savoir se raconter et se promouvoir soi-même, comme individu, comme un acteur-entrepreneur de sa propre vie. Car le grand oral n’est rien d’autre que cela : il traite à égalité la capacité à présenter un objet de recherche (5 minutes) et la capacité à se raconter dans une fable du mérite, du choix et d’une cohérence de parcours (5 minutes). Mais quelle cohérence de vie peut-on dessiner à 17 ans, à part celle dont on hérite ?
Ne sommes-nous pas en totale contradiction avec nos enseignements lorsque nous évaluons les élèves sur ce qui relève d’un pur spectacle ?  Un entretien de motivation et de recrutement peut-il constituer une épreuve au bac ? Pouvons-nous accepter qu’on nous convoque en tant qu’intervenants incompétents, au mépris de nos savoirs disciplinaires et sans même se soucier de nous donner à l’avance les sujets sur lesquels nous interrogerons ?  Le grand oral contraint les élèves à capitaliser dès leur plus jeune âge des compétences pour affronter une concurrence impitoyable et largement faussée. Il réduit nos gestes d’évaluateurs à la reproduction pure et simple des inégalités de la société. Ce n’est pas l’école dans laquelle nous nous reconnaissons, ni pour laquelle nous voulons travailler. 

Nous vous appelons donc à la désobéissance et à la grève du grand oral.

philomobilisation13@framalistes.org

2021.06.19. Les professeur.es de philosophie de l’académie Aix-Marseille réunis en AG

Amiens (28 juin) :

Communiqué de l’AG des professeur.es de philosophie de l’académie d’Amiens (28 juin)

L’AG des professeur.es de philosophie correcteurs et correctrices du baccalauréat de l’académie d’Amiens, réunie à Compiègne le 28 juin 2021 et soutenue par ses organisations syndicales académiques CGT éduc’action, SNES, FNEC FP FO, SUD Éducation et SNALC, constate à nouveau l’impossibilité de corriger consciencieusement les copies de philosophie des candidat.es dans les délais impartis, ainsi que l’absence de réponse au courrier envoyé à la DEC par certain.es pour demander un délai supplémentaire de correction.

En conséquence, elle décide d’appeler à la grève le mardi 29 juin pour protester contre la détérioration des conditions de correction, avec un délai subitement raccourci et des copies dématérialisées, ainsi que contre l’organisation du pseudo-bac de la réforme Blanquer.

Elle demande à être reçue en délégation en urgence dès le 29 juin à la DEC afin d’obtenir le délai supplémentaire qu’elle juge nécessaire pour pouvoir terminer ses corrections sérieusement. Si elle n’obtient rien, elle envisage de reconduire la grève les jours suivants.

Bordeaux :

Motion de l’AG du Sud-Ouest

Les personnels enseignants de l’académie de Bordeaux réunis le jeudi 17 juin en AG, avec l’APPEP et leurs organisations syndicales CGT, FO et SNES, se félicitent du rassemblement devant le rectorat. Cette mobilisation a réuni nombre de collègues de philosophie, mais aussi de lettres, de SVT, d’histoire-géographie, de mathématiques, de langues, d’EPS, et des AESH.
Les personnels mobilisés continuent d’exiger l’abandon de la numérisation des copies, le retour à un bac national et égalitaire dès 2022, et l’abandon de Parcoursup ainsi que des réformes Blanquer.
Or, l’audience au rectorat n’a répondu à aucune des revendications qui ont pourtant été affirmées à de nombreuses reprises. Cette audience a au contraire confirmé nos craintes :
– L’usage de Santorin est appelé à être imposé durablement.
– Nous cessons d’être des correcteurs d’examen pour devenir des exécutants interchangeables.
– Et les revendications de l’AG ont été taxées de positionnement politique.
C’est pourquoi les personnels réunis en AG décident de continuer à se mobiliser et appellent les personnels à :
– télécharger et imprimer les copies en établissement, et à ne retourner sur Santorin que pour rentrer les notes et au moment que le correcteur jugera opportun,
– être en grève pendant le Grand Oral,
– se réunir en AG et discuter de ces revendications,
– contacter l’APPEP de Bordeaux pour rejoindre immédiatement la coordination des enseignants mobilisés : appepbordeaux@gmail.com.
Motion adoptée à une large majorité des présents.

Dijon :

Grenoble :

Nantes :

Compte-rendu de l’assemblée générale des professeurs de philosophie réunis pour la correction du bac à Nantes

80 collègues se sont réunis en assemblée générale au début de la commission d’entente au lycée Les Bourdonnières de Nantes.

Une discussion a eu lieu surles conditions particulières de cette année d’enseignement et les conditions inédites de correction du bac 2021. Elle a mis en lumière, notamment, la question des inégalités dans lesquelles les élèves ont été traités et a fortiori préparés à l’examen. Classes entières, demi groupes en alternance, cas contacts, élèves malades… autant d’éléments qui rendent la question de l’examen et de l’évaluation très complexe, voire impossible cette année. A cette situation déjà délicate se sont ajoutées des conditions de corrections inacceptables. 

Voilà les points qui ont été soutenus par la majorité des participants :
– nous contestons la réduction des délais de correction et demandons une extension de ce délai.
Nous avons, en effet, exprimé notre incompréhension face à une nouvelle réduction des délais de correction (6 jours 1/2 de jours ouvrés pour 130 copies en moyenne, soit l’équivalent de 20 copies par jour à corriger). Les délibérations ayant lieu seulement le 5 juillet, nous ne comprenons pas la nécessité d’anticiper à ce point le délai au détriment des conditions d’un travail de correction respectueux du travail des élèves.
nous contestons le principe de la correction numérique et demandons un retour aux copies papier.
Cette entrée forcée dans la correction numérique entraîne en effet une dégradation de nos conditions de correction, par la fatigue accrue issue du temps passé devant les écrans, par les multiples possibilités de surveillance des différents niveaux hiérarchiques qu’elle comporte. Tout ceci pour quel bénéfice ?
– nous contestons l’aménagement de l’épreuve décidé par le ministre de l’Éducation nationale avec prise en compte du contrôle continu.
Cette décision revient en effet à mépriser notre travail de correcteur qui sera bien souvent fait de manière inutile dans un tel contexte, et elle maintient l’illusion d’un bac national là où, en fait, la place prépondérante du contrôle continu revient à le transformer en examen local avec toutes les inégalités que cela implique.
– nous contestons les retards et manques d’informations dans les convocations qui nous ont été adressées pour la correction du bac.
De manière inédite, les convocations pour le bac de cette année ont en effet été marquées par des délais parfois irrespectueux pour les personnels (jusqu’à la veille pour le lendemain). Et aucun correcteur n’a eu accès aux informations qui leur étaient normalement toujours données à l’avance : nombre de copies, participation au jury de délibération avec date et lieu, participation aux épreuves du second groupe avec date et lieu. Ce défaut d’informations inédit n’est pas respectueux des personnels qui ne peuvent pas avoir un minimum de repères sur leurs conditions de travail à venir et sont empêchés de prendre quelque engagement que ce soit dans la période des examens.

Nous envisageons une demande d’audience auprès du rectorat et de la DEC pour porter ces revendications.

Poitiers (30 juin) :

Télécharger le tract intersyndical + le communiqué de l’AG des enseignant.es de philosophie

Strasbourg :

AG des professeurs de philosophie de l’Académie de Strasbourg (17 juin 2021)

Réunis en Assemblée générale ce jeudi 17 juin, les professeurs de philosophie présents ont adopté à la majorité la motion suivante :

Ils réaffirment leur opposition à l’épreuve de philosophie du 17 juin qui n’est qu’un simulacre d’épreuve dévalorisant le diplôme 2021, valide par l’examen l’inégalité des conditions d’enseignement sur le territoire, et témoigne d’un mépris offensant envers le travail mené par les élèves et leurs professeurs tout au long de l’année.

Ils s’élèvent tous contre les conditions de correction particulièrement scandaleuses auxquelles sont soumis cette année les professeurs : elles ne tiennent aucun compte des exigences de leur discipline. Ils n’admettent pas que leur évaluation soit dénaturée par la numérisation des copies des candidats qui ne se prête pas à la mise en œuvre d’un jugement différencié et finement établi. Ils n’admettent pas qu’un logiciel peu maniable et encore très imparfait les transforme absurdement en pourvoyeurs de notes facultatives susceptibles in fine d’être modifiées. En un mot, ils refusent d’être dépossédés ainsi de leur rôle d’évaluateur.

C’est pourquoi, ils demandent :

– la garantie de pouvoir télécharger les copies numérisées pour cette session 2021 mais aussi pour les suivantes
– et la garantie de délais de correction plus longs dès la session prochaine.
Ils appellent tous les professeurs de l’Académie :

– à ne pas corriger les copies-tests qui servent habituellement d’étalon à l’évaluation des copies de l’épreuve de philosophie et à observer un silence sceptique pendant les réunions d’entente et d’harmonisation afin de protester contre la numérisation en marche,
– à ne pas corriger les copies en ligne mais seulement les copies téléchargées et à attendre le dernier jour de correction, à savoir le 29 juin 2021, pour saisir les notes et les appréciations sur le logiciel Santorin.
Ils rappellent également leur attachement à un véritable bac national fondé sur des épreuves finales dans toutes les disciplines, qui seul peut garantir l’égalité de traitement des élèves et assurer des conditions sereines d’enseignement. Ils se prononcent pour l’abandon des réformes Blanquer du lycée et du bac.

Ainsi, ils appellent tous les professeurs de l’Académie, toutes disciplines confondues, à être en grève le jour des convocations aux épreuves du Grand Oral, épreuve-phare de la réforme du lycée qu’il n’a pas été possible de préparer sérieusement, et dont les déficiences sont plus propices à discréditer la pratique de l’oralité plutôt qu’à en cultiver utilement les ressources.

Enfin, ils invitent tous les collègues de toutes les disciplines à se mobiliser pour défendre le bac comme examen national et égalitaire et exiger l’amélioration des conditions de travail et d’étude dans les établissements scolaires du second degré dont la dégradation n’a pas été principalement induite par la crise sanitaire, mais bien par les décisions et les reformes mises en œuvre par un ministre qui n’a plus aucune considération pour ses agents, ni pour les élèves et leurs familles.