Le mercredi 19 mai 2021, des policiers se sont rassemblés devant l’Assemblée Nationale, dénonçant une justice qu’ils pensent laxiste. Ils font ainsi pression sur les juges, et exigent « des peines maximales quand des représentants de l’ordre sont attaqués ».
Pour l’Assemblée des blessé•es par la police, les faits sont têtus : ce « laxisme » supposé des juges concerne en premier lieu ce corps policier : la relaxe récente prononcée à Marseille vis-à-vis de policiers de la BAC l’illustre, ou encore celle du gendarme qui a tué Rémi Fraisse, entre autres affaires (de mieux en mieux documentées, notamment par les images ! ) À Nantes, depuis la relaxe en 2012 par le tribunal pénal d’un policier tireur au motif « qu’il avait obéi à un ordre non manifestement illégal », en éborgnant avec un LBD un lycéen en novembre 2007, combien d’affaires de personnes, de manifestant•es grièvement blessé•es par la police, jusqu’à la mort de Steve Maia Caniço, la mort d’Aboubacar Fofana ? Le CRS qui l’a tué est toujours en fonction, près de trois ans après.
Aucune de ces plaintes, suivies par des avocats, n’a donné lieu à une condamnation à de la prison ferme, ni à une peine « plancher » de ces policiers, dépositaires de l’autorité publique. À notre connaissance, à ce jour, ces plaintes, déposées au tribunal de Nantes contre ces faits ont été classées sans suite par le parquet, ou, pour les plus graves, les instructions paraissent ne jamais finir, comme encore pour Philippe ou Adrien, manifestants en 2018 qui ont frôlé la mort après avoir été blessés par un tir de LBD.
C’est la raison pour laquelle, nous, membres de la société civile, sans arme, sans uniforme, demandons, une nouvelle fois, à la justice de s’exercer, sans se laisser intimider, vis-à-vis des auteurs de ces violences policières inacceptables. Que la justice passe enfin est indispensable.
Assemblée des blessé•es, Nantes, 19 mai 2021