Toujours plus pour l’“ordre” et la “sécurité”
15 Avril 2021, la loi sécurité globale est adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Derrière l’article 24 qui invente un délit pour “provocation à l’identification d’un policier”, à l’origine des manifestations de cet automne/hiver, d’autres articles bien pires encore légitiment et intensifient la surveillance généralisée de la population.
Les drones pour “prévenir” les délits, les accès aux caméras de surveillance privées sont donc maintenant légaux. Les policier·es pourront aussi être armé·es dans les lieux publics, les théâtres, les salles de concert, les écoles par exemple.
De plus en plus de municipalités votent l’armement des policier·es municipaux/pales et s’en félicitent dans les journaux locaux.
Des policier·es armé·es contre les-jeunes-des-banlieues, pour quoi faire, tirer ? Ou mieux encore créer une escalade de violence afin de mater toute tentative d’insurrection. À ce titre, Dijon fait effet d’une ville modèle ces derniers temps.
Armer plus pour apaiser ? Non, armer plus pour étouffer tout soulèvement, toute organisation populaire.
A Dijon, ville de Rebsamen, les policier·es s’attaquent… à un jardin (1). Le jardin de l’Engrenage, créé le 17 juin 2020, premier jour de soulèvement contre la réintoxication de la planète, sur un terrain à bâtir, était devenu dans le quartier un point de verdure pour cultiver des légumes, se rassembler, échanger, jouer à la pétanque. L’auto-organisation des habitant·es du quartier et des militant·es contre la bétonisation déplaît au maire de Dijon, qui pourtant clame qu’il veut faire de Dijon une ville verte. À coup de béton et de bulldozers ? Le 20 avril à 7h, des policier·es arrivent et gazent les occupant·es du jardin pendant que les pelleteuses mettent à ras les légumes, déracinent les arbres et massacrent la terre cultivable. La police construit un mur en parpaing autour d’une maison occupée mais non légalement expulsable. Pendant cinq jours consécutifs, la police pratique une guerre de positions, gaze, menace les occupant·es et les voisin·es de leur LBD. Qui leur donne ces ordres-là ?
Le projet “Garden State” qui devrait remplacer le jardin et bâtir 300 logements entourés de “petits jardins avec une démarche environnementale volontariste” selon le maire ne logera pas les exilé·es, les mal logé·es, ne permettra pas l’accès au centre-ville aux populations contraintes de vivre à l’extérieur de Dijon du fait des prix.
Il s’agit bien pour le maire, potentat local, élu avec peu de voix aux dernières municipales, d’affirmer son pouvoir sur “sa” ville, par la force et par les armes.
L’armement, une réponse à la peur du pouvoir ?
Depuis quelques années, l’État commande de plus en plus d’armes “non létales” et de munitions (33 000 tirs en 2018, 9 fois plus qu’en 2009). Ces armes tuent et mutilent : 2 mort·es, 25 éborgné·es, 5 mains arrachées et plus 300 blessures à la tête, au minimum lors des manifestations des Gilets jaunes. La violence est là, du côté du pouvoir.
Même avec la crise du Covid, le gouvernement a augmenté les commandes. La France est-elle en guerre ? Des LBD contre le Covid ? 10 000 nouveaux policier·es contre le Covid ?
A force de compenser les pertes des grandes entreprises, de supprimer l’ISF, de permettre aux plus riches de gagner encore plus d’argent pendant la crise sanitaire, d’affaiblir les services publics, les plus pauvres trinquent et sont les plus exposé·es à la maladie. La colère monte et déborde, et c’est bien ce que craint le pouvoir. Continuons de lutter et de nous soulever !
Marine Bignon