La réunion de coordination nationale de l’Éducation du mercredi 7 avril 2021 a rassemblé des personnels de 13 académies (Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Bordeaux, Créteil, Grenoble, Lille, Nancy-Metz, Nice, Paris, Rouen, Toulouse, Versailles).
Le tour des différentes académies a permis de faire le point sur le chaos et la dérégulation provoqués par « l’enseignement en distanciel », alors que les équipes sont épuisées par des mois de gestion de pénurie en période de pandémie.
Panne généralisée de l’ENT : nouvelle faillite du ministère Blanquer !
La panne généralisée des « Espaces Numériques de Travail », le mardi 6 avril, premier jour de « l’enseignement en distanciel », est l’illustration de la faillite complète du Ministère et de sa politique d’austérité budgétaire. Durant toute cette semaine « d’enseignement à distance », les couacs et bugs se sont multipliés. Le mensonge éhonté de Jean-Michel Blanquer sur une « cyberattaque venue de l’étranger », puis sa tentative de faire retomber la responsabilité de la panne sur l’incendie des serveurs de l’entreprise OVH, sont lamentables. Aux yeux de tous, le Ministère a failli.
La Coordination nationale de l’Éducation renouvelle sa revendication de démission de Jean-Michel Blanquer, dont la politique n’a fait qu’enfoncer l’Éducation nationale dans la crise. Les dysfonctionnements de l’ENT ne font que mettre en lumière le fonctionnement normal de l’Éducation nationale, privée de moyens humains et financiers.
« L’enseignement distanciel numérique » :
la privatisation grandissante de l’Éducation nationale,
contre la liberté pédagogique des enseignants !
Au lieu d’investir dans de réels moyens permettant d’empêcher la fermeture des écoles et établissements, le Ministère Blanquer a préféré répandre la fable que « tout était prêt » pour un enseignement numérique qui n’est en réalité qu’une privatisation galopante. Preuve en est, « Ma classe à la maison », dispositif tant vanté par Jean-Michel Blanquer, est hébergée par Amazon !
Blanquer, en tentant lamentablement de faire retomber la responsabilité de la faillite des ENT sur les collectivités territoriales, a cependant rappelé par la même occasion le morcellement grandissant et l’éclatement galopant du caractère national de l’Éducation : à chaque région, à chaque département, son propre ENT.
Cette première semaine s’est accompagnée de multiples pressions à tous les niveaux sur les enseignants et enseignantes pour assurer un « enseignement distanciel » qui n’a d’enseignement que le nom : pressions sur les visios, pression sur l’évaluation à distance des élèves…
Aussi, nous appelons comme lors du premier confinement :
– à refuser d’évaluer et de noter les élèves durant la période de fermeture des écoles et établissements ;
– à refuser de faire l’appel (en visio ou pas), afin de ne pas pénaliser les élèves se situant en situation de précarité numérique.
Les enseignants et enseignantes n’ont pas à obéir aux injonctions de leurs hiérarchies, contraires à la liberté pédagogique garantie par les textes. C’est aux enseignants et enseignantes de déterminer eux-mêmes la façon dont ils maintiennent le lien avec leurs élèves.
Des pressions sur les personnels… au mépris des risques sanitaires !
Nous dénonçons les multiples pressions qui se sont exercées jusqu’au dernier moment sur les personnels du premier degré, les hiérarchies prétendant qu’ils étaient contraints de venir dans les écoles pour assurer l’accueil des enfants de personnels prioritaires. La liste de ces personnels prioritaires n’a été communiquée que très tardivement, dans la plus grande impréparation.
Nous rappelons que le volontariat doit rester le principe pour tous les personnels participant à l’accueil de ces enfants. Aucune pression ne doit s’exercer sur les collègues pour qu’ils viennent dans les écoles contre leur gré. Nous rappelons également que les conditions pour assurer la santé des personnels et des élèves doivent être garanties :
– fourniture de masques chirurgicaux de type 2 ;
– gel hydro-alcoolique ;
– respect des règles de distanciation sociale.
Nous dénonçons également les pressions s’exerçant sur les autres catégories de personnels, notamment les personnels de vie scolaire et les personnels territoriaux. Ainsi, l’exemple des Bouches-du-Rhône est emblématique : durant cette première semaine, les agents du département ont dû venir à temps plein dans les collèges, alors que ceux de la région PACA étaient à mi-temps dans les lycées, pendant que les hiérarchies de l’Éducation nationale ont prétendu faire venir les personnels de vie scolaire ! Nous appelons à être très vigilant au respect des droits de ces catégories de personnels.
Pas de réouverture sans garantie sanitaire !
Les dernières annonces du chef de l’État concernant les vaccins sont plus qu’inquiétantes : désormais, toute référence à un plan de vaccination des personnels de l’Éducation nationale a disparu. Après le fiasco des masques, après celui des tests, c’est celui du vaccin. Blanquer prétendait que les personnels de l’Éducation nationale pourraient être vaccinés à partir de la mi-mars : il n’y a désormais plus aucune référence à une date précise !
Pourtant, dans le même temps, Macron a annoncé qu’il « n’y a pas de conditions sanitaires à la réouverture des écoles », et qu’elles rouvriraient donc, quoi qu’il en coûte, à partir du 26 avril.
La Coordination nationale de l’Éducation dénonce ce matraquage, qui vise à faire valider une réouverture à marche forcée des écoles et des établissements à partir du 26 avril. Il est hors de question que la réouverture se fasse dans les mêmes conditions sanitaires qu’avant la fermeture !
Nous exigeons que la réouverture des écoles et des établissements soit conditionnée par la situation sanitaire :
– un seuil de contamination maximum : Macron avait lui-même fixé le seuil de 5000 contaminations par jour en novembre ;
– l’accès à la vaccination pour tous les personnels volontaires. Rappelons qu’entre deux doses de vaccin, il est nécessaire d’attendre entre 4 et 9 semaines : il est donc urgent d’entamer la campagne de vaccination des personnels d’Éducation !
– des tests massifs deux fois par semaine avec des auto-tests de qualité, comme c’est déjà le cas en Autriche ou en Grande-Bretagne ;
– la garantie que l’aération puisse être assurée dans les établissements, notamment avec des purificateurs d’air ;
– la fourniture gratuite de masques chirurgicaux aux personnels et aux élèves, ainsi que la mise à disposition de masques FFP2 pour les personnels qui en font la demande ;
– la suppression du jour de carence en cas d’effets secondaires du vaccin ou en cas de symptômes de Covid (et pas seulement en passant par la télé-déclaration Ameli) ;
– la suppression du forfait de 1 € pour les tests salivaires.
La réouverture des écoles et établissements ne pourra se faire qu’avec la mise en place d’un protocole strict :la mise en place des demi-jauges dans l’ensemble des établissements du second degré, collèges comme lycées ;le maintien de la fermeture de la classe et des différents groupes dès le premier cas de Covid (élèves comme personnels), alors que cette règle n’a finalement existé que pendant une semaine, entre le 27 mars et la nouvelle FAQ du 3 avril.
Enfin, il est bien sûr urgent de procéder à une embauche massive de personnels de toute catégorie, notamment pour assurer les remplacements dans le premier degré.
Non à la tenue d’examens au mépris de la situation sanitaire !
Au mépris de la situation sanitaire, le ministère Blanquer prétend maintenir des épreuves du baccalauréat alors que de nombreuses heures de cours ont sauté dans tous les établissements, du fait des fermetures de classe, et que les élèves se trouvent en situation d’inégalité du fait de l’application locale des demi-jauges en lycée : certains lycées sont en demi-groupes depuis novembre, quand d’autres n’y sont jamais passés jusqu’à l’obligation nationale de le faire, une semaine avant la fermeture.
Pour nous, il est clair que l’absence de cadrage national pour l’organisation des cours depuis novembre, entraînant une inégalité entre candidats, rend impossible la tenue de ces épreuves. Même si nous continuons à être opposés au bac en contrôle continu, la seule décision raisonnable dans le contexte actuel consiste donc en une annulation pour cette session 2021 des épreuves de français et de philosophie, ainsi que des épreuves du Diplôme national du Brevet. Nous rappelons également notre revendication de suppression définitive du grand oral.
Il est urgent que des annonces claires soient faites sur la tenue des épreuves terminales, pour ne pas laisser les élèves et les personnels dans l’incertitude permanente.
Enfin, la Coordination nationale de l’Éducation rappelle son opposition aux E3C : elle dénonce la convocation d’élèves qui ne les ont pas passées l’an dernier pour les passer cette année. Elle revendique leur neutralisation et leur suppression définitive.
Maintenir un cadre collectif
Le mardi 6 avril (mobilisation de la Fonction publique) et surtout le jeudi 8 avril (journée de grève des personnels AESH) ont été de premières occasions de montrer la colère des personnels de l’Éducation nationale face à la situation catastrophique qui leur imposée. Nous dénonçons tout particulièrement la situation scandaleuse de précarité des AESH, aggravée par la mise en place des PIAL, et revendiquons leur titularisation avec un véritable statut.
Face à la situation de fermeture des écoles et établissements, il s’agit de résister à l’isolement dans lequel veut nous enfermer le Ministère.
En conséquence, la Coordination nationale de l’Éducation appelle :
– à maintenir des cadres collectifs, et à réunir des AG à distance avant la date prévue de réouverture le 26 avril pour les écoles, le 3 mai pour les collèges et lycées ;
– à faire connaître largement les décisions qui en ressortent, notamment en direction des syndicats ;
– si les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour les dates prévues de réouverture, à se saisir des préavis de grève d’ores et déjà déposés par les organisations syndicales.
La prochaine réunion téléphonique de coordination nationale de l’Éducation aura lieu le lundi 19 avril à 18h.