Émancipation


tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires (revue n°4 de décembre 2020)

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

Liberté pour Loujain Al Hatloul

Loujain Al Hatloul, militante saoudienne des droits des femmes, 31 ans , est emprisonnée depuis mai 2018 pour ce que le gouvernement saoudien nomme “tentative de déstabilisation du royaume”. Cette défenseure des droits humains, qui a particulièrement milité pour le droit des femmes à conduire et pour la fin de la tutelle masculine qui met les femmes à la merci totale des hommes, avait en effet rencontré le comité de l’ONU pour partager ses observations sur la situation des droits des femmes dans son pays.

Ayant subi la mise à l’isolement pendant des mois, elle dénonce des actes de harcèlement sexuel et de torture. Elle a entamé une grève de la faim afin d’obtenir un contact régulier avec sa famille. Sa vie est en danger.

Un G20 virtuel organisé par l’Arabie saoudite doit se tenir les 21 et 22 novembre 2020.

Soixante cinq député·es européen·nes ont appelé à revoir la participation de l’Union et le Comité des nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a publié un communiqué demandant sa libération.

Macron s’était pourtant engagé le 8 mars 2019 à la soutenir… mais comment peut-on encore prendre au sérieux ses déclarations concernant le respect des droits et des libertés ?

Emmanuelle et Joëlle

Opacité

Les syndicats ne se sont pas privés de le rappeler, avec justesse : avec la loi sur la Fonction publique publiée en août 2019, l’offensive contre les statuts s’accélère en ouvrant grande la porte à la précarité, l’arbitraire et l’opacité… qui favorisent grandement les inégalités hommes-femmes. Ainsi concernant les promotions. Petit rappel : dans le cadre du PPCR – nous ne reviendrons pas ici sur les problèmes qu’il pose – les collègues peuvent bénéficier d’une accélération pour le passage aux 6e et 9e échelons suite à un “rendez-vous de carrière”. Lors des commissions paritaires de 2020, dans divers départements l’administration prenait ses aises concernant l’équilibre femmes-hommes dans les promotions. Ici (Gironde) elle distribue des documents qui ne font pas mention du genre des collègues (comment vérifier du coup ?). Là, elle maintient de façon éhontée sa proposition (une section du SNUipp : “au 6ème échelon, alors qu’il y a 83 % de femmes dans les promouvables, sur les neuf avis excellents, cinq pour des hommes et quatre pour des femmes”) en arguant “qu’ils n’avaient pas à respecter la parité pour les avancements accélérés, qu’ils ne devaient le faire que pour le passage à la hors classe et à la classe exceptionnelle”. Dans telle académie du Sud, l’Inspection et le rectorat ne voient aucun souci à promouvoir à la liste d’aptitude des agrégé·es plus d’hommes que de femmes dans une matière massivement féminisée (les lettres). Etc., etc. Jusqu’à maintenant les syndicats pouvaient contrecarrer ou limiter ces iniquités, en l’absence de commissions paritaires tous les abus sont maintenant possibles. Raison de plus pour revendiquer l’abrogation de la dernière loi sur la Fonction publique !

Quentin

Jusqu’où iront-ils ? #JusticepourL

Le 14 octobre 2020, la chambre criminelle de la Cour de Cassation refuse la qualification pour viol à L., la victime, sous le prétexte que les pénétrations n’avaient pas été “suffisamment profondes”. L., âgée de 13 ans quand cela a commencé, a subi pendant plusieurs années des actes sexuels imposés par son beau-père, notamment des pénétrations avec la langue. Les juges ont exigé qu’elle soit plus précise sur l’intensité, la durée, la profondeur de pénétration. De quoi halluciner ! selon l’article 222-23 du Code Pénal, ce qui caractérise le viol est l’acte de pénétration, pas sa profondeur. Les statistiques sont terribles : 70 % des plaintes pour viols sur mineur·es sont classées sans suite, 52 % des plaintes instruites sont ensuite déqualifiées et correctionnalisées, 0,3 % des viols sur mineur·es font l’objet d’un procès pour viol. Un déni de justice trop souvent imposé aux victimes de viols.

Joëlle


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