Émancipation


tendance intersyndicale

Éditorial revue n°4 (décembre 2020)

La colère gronde…

La colère des personnels de l’éducation, mais aussi des lycéen·nes et des fédérations de parents d’élèves, est très forte. Et comment ne le serait-elle pas, tant le mépris du Ministre de l’éducation, de son administration, et du gouvernement en général est flagrant. Plus personne n’est dupe : Blanquer ment, toujours plus, au sujet de l’épidémie et des mesures qu’elle exige de prendre et le discrédit qui plane sur lui et son administration est très fort.

À cette gestion catastrophique de la crise sanitaire s’est ajoutée le non moins catastrophique traitement du meurtre de Samuel Paty, dont Blanquer a soigneusement sabordé l’hommage si important pour les collègues, en annulant purement et simplement les temps de discussion prévus le premier jour de la rentrée.

En réponse, le milieu de l’éducation s’est mobilisé largement dès la rentrée : refus de prendre les élèves, demande de banalisation de demi-journées pour réfléchir collectivement à un protocole sanitaire et discuter du meurtre de Samuel Paty, ainsi que de l’organisation de temps de discussions avec les élèves. Si le rapport de force a été dès le début plutôt en faveur des personnels, la mobilisation des jeunes a marqué un saut qualitatif dans la mobilisation. Quelques jours après la rentrée, Blanquer “cédait” sur la question des effectifs en lycée, mais aussi sur une partie des demandes concernant les examens (et notamment les épreuves de contrôle continu). Un recul certes peu satisfaisant au regard des revendications des personnels et des jeunes, mais significatif tout de même, Blanquer avançant à marche forcée depuis le début de son mandat.

Une fois de plus l’auto-organisation a fait ses preuves : dès avant la rentrée, les personnels des établissements qui se sont mobilisés avaient mené des AG en ligne, des discussions par mail. Les listes mail créées à l’occasion de la mise en place des Réformes du lycée, et de Parcoursup ont été réinvesties pleinement par les collègues pour s’informer, partager des motions… Des outils précieux qui font encore leurs preuves aujourd’hui. Le soutien, rapide, des organisations syndicales, à ce mouvement auto-organisé a permis des relais d’informations et d’outils dont chacun·e a pu mesurer l’utilité.

Il s’agit maintenant de poursuivre la lutte : les demandes urgentes qui ont été faites à l’occasion de cette mobilisation sont pour certaines des revendications historiques qui forment la base même de nos métiers. Chacun·e mesure aujourd’hui la qualité de travail rendue possible par les effectifs allégés, Et la crise sanitaire, qui pourrait d’ailleurs être la première d’une série d’autres crises, dans un monde d’abord malade du capitalisme, ne fait que souligner davantage les problèmes auxquels nous sommes confronté·es tous les jours. Cette crise révèle combien, après l’Hôpital public, l’École publique est une priorité. Exiger des effectifs réduits permanents, des recrutements massifs, la titularisation de tous les précaires sans condition de concours ni de nationalité, telles sont les revendications fondamentales d’un système éducatif qui pourrait fonctionner “normalement”, sans être sous tension en permanence .On est encore loin du compte, et les dernières annonces au sujet de la pseudo revalorisation salariale (sans dégel du point d’indice mais fonctionnant par “primes” qui ne toucheraient, qui plus est, pas tous les personnels) ne vont pas dans le bon sens.

Le message est clair : il n’y a décidément rien à négocier avec ce Ministère. Seul le rapport de force comptera, et nous devons continuer à nous organiser, personnels, élèves, parents, au niveau des établissements, villes, départements et au niveau national pour imposer nos revendications !

Karine Prévot


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