Le Conseil National du SNUipp se tenait dans un contexte où mes inquiétudes montent chez les personnels et usager.es de l’école, où les directeur.es sont encore davantage surchargé.es de tâches, et où les projets de Blanquer de remodelage de l’école primaire se mettent an place plus ou moins insidieusement (la loi Rilhac en constituant la pointe avancée).
Sur la situation générale, beaucoup de sections départementales s’expriment sur le problème de la rentrée scolaire avec la qualité des masques (masque DIM…), absence de gel hydroalcoolique, le passage de département de « vert » en « rouge », le problème des collègues « à risque » (les critères pour être reconnu à risque s’étant largement réduites), l’absence d’informations claires au départ sur la position administrative des collègues à risque et des cas contact… L’échec de la journée d’action du 17 septembre s’expliquerait pour certain.es par l’état d’hébétude des collègues après le confinement, l’état d’urgence sanitaire (inquiétude des collègues avec le basculement de plein de département en zone rouge), le manque de préparation du 17 septembre, l’arc syndical trop petit.
Il y a eu aussi des interventions concernant les difficultés rencontrées sur l’appel au boycott des évaluations avec des collègues laissé·e·s seul·e·s, des pressions très fortes des IEN, la mobilisation par la hiérarchie des RASED et des conseiller.es pédagogiques de circonscription au besoin pour faire passer les évaluations. Pour plusieurs sections départementales, l’échec de la pétition contre les évaluations serait à analyser : il s’expliquerait aussi par la lassitude et le découragement y compris de militants. Comment lutter contre le découragement, la lassitude, comment transformer cela en révolte ?
A noter l’intervention de la SD 79 (Deux-Sèvres) qui a parlé de l’affaire des collègues réprimé.es de Melle : des enseignant.es suspendu.es pour fait syndical, avec des sanctions pour l’exemple pour étouffer toutes les contestations.
Plusieurs sections départementales ont fait des interventions critiques :
– contre un « Grenelle des professeurs » sans mobilisation des collègues : aller négocier sans mettre du monde dans la rue c’est se mettre en situation de faiblesse, c’est mener des discussions à froid.
– demande de la démission de Blanquer qui met en place la « stratégie du choc » contre l’école publique.
– demande le refus des « formations-constellations » Français-Maths obligatoires.
Un représentant de la tendance « Unité et Action » de la direction nationale a répondu à l’interpellation : il y a eu une baisse des revenus des enseignant.es de 10% en 10 ans, il y a nécessité d’une négociation salariale avec le problème du déclassement des enseignant.es, de l’attractivité salariale… tout cela doit se faire en recherchant l’unité syndicale la plus large des organisations syndiclales enseignantes (donc y compris les plus réformistes) il y a donc « impossibilité » de refuser le « Grenelle des professeurs » et même de demander la démission de Blanquer.
Pour Emancipation, le refus du « Grenelle des professeurs » est nécessaire pour ne pas cautionner la politique éducative de ce gouvernement et les atteintes qu’il veut porter aux conditions de travail, et plus généralement pour ne pas remettre en selle un gouvernement discrédité par sa politique économique, sanitaire, et sa gestion de la pandémie. De même, le SNUipp-FSU doit combattre plus fortement la loi Rilhac, informer les collègues des menaces que porte cette loi avec l’introduction par la bande de futurs chefs d’établissement du primaire.
En cohérence avec ses positions, le secrétariat national UA-EE a présenté un texte « action » ne comportant pas le refus de participer au « Grenelle des enseignants », refusant de caractériser la politique de Blanquer comme une politique de destruction de l’école publique… lors du vote, trois sections départementales ont voté en abstention, le représentant d’Emancipation a voté « contre ».
Vous pouvez télécharger ci-dessous l’intervention du représentant d’Emancipation.
Plusieurs points particuliers ont par ailleurs été abordés
1) la syndicalisation : analyse des résultats, les outils numériques pour être au plus près des collègues (on n’est pas loin du traçage numérique : collègues cible, écoles rentables …), sachant que c’est la fin du paritarisme et que les CAP sont vidées de leur objet.
2) la perte de postes aux concours : 11 415 postes au concours au départ, 599 non pourvus, 611 postes perdus car il y a des candidat.es qui se sont présenté.es sur plusieurs académies : 10 165 postes pourvus, à cela s’ajoute des candidats qui ne se présentent pas après le concours + des démissions. Il y a eu appel aux listes complémentaires mais cela ne suffira pas dans certains départements même en doublant la liste complémentaire.
3) Formation des Enseignants : le gouvernement veut placer le concours en fin de M2 à partir de 2022. Il veut programmer une montée en puissance des étudiants-contractuels en responsabilité de classe. Il semblerait qu’il y en aurait déjà 700 en L1 1er degré, 3000 en L2 (1er et 2e degré). Le gouvernement entend aussi imposer un système d’alternance en responsabilité de classe sur 12 mois consécutifs (à cheval sur 2 semestres de master : S1-S2 ou S2-S3 ou S3-S4).
Concernant les stagiaires, il prévoit un « oral professionnel » de 30 min : 10 min présentation d’une situation professionnelle + 20 min sur les « droits du fonctionnaire » et les « valeurs de la République », le jury de cet examen serait composé de membres de l’administration ne connaissant pas et n’ayant pas eu accès au dossier des stagiaires. Il y a des interrogations sur les conséquences possibles de cet entretien : possibilité de recaler des stagiaires, ou de prolonger d’un an le stage ? Et quid des stagiaires avec des visites professionnelles validées mais un entretien non validé ?
4) Point AESH : on a parlé du rapport de la cours des comptes qui souhaite le rattachement des Psychologues scolaires au secteur « santé scolaire ». Il y a des inquiétudes sur des tentations de transférer les Psychologues Scolaires aux départements et plus généralement de sortir les personnels du champ de l’Education Nationale stricto sensu (les PsySco étant à l’heure actuelle issu.es de et rattach.és aux personnels enseignants) avec médicalisation et/ou de transférer ce travail sous forme de missions médicales.