Face à un gouvernement qui perpétue la culture du viol et méprise les minorités de genre, un ensemble de collectifs féministes appellent à une large mobilisation nationale le 8 septembre. « Construisons un monde féministe! » exhortent-elles, pour construire peu à peu les luttes jusqu’à une grande grève du 8 mars 2021. « Envahissons les rues, manifestons, occupons l’espace public pour construire une société juste: féministe, anticapitaliste et antiraciste ».
Le 7 juillet 2020, Emmanuel Macron a enterré, avec le remaniement ministériel, la « grande cause du quinquennat » : l’égalité entre les femmes et les hommes. Il a montré que la dignité et le respect des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des habitant·es d’Outre-Mer sont moins importants à ses yeux que le maintien au pouvoir des oppresseurs.
En nommant Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur et Eric Dupond-Moretti au ministère de la Justice, il nous adresse un message clair, à nous qui subissons les violences sexistes et sexuelles et qui nous battons chaque jour pour qu’elles cessent : une accusation de viol n’empêche pas de devenir ministre et la justice continuera de protéger les violeurs et les harceleurs ! La présomption d’innocence, argument juridique, ne peut justifier ce choix politique : la culture du viol est ainsi perpétuée, renforcée et banalisée.
Les nominations de Gérald Darmanin et Nathalie Elimas, nouvelle secrétaire d’État à l’éducation, nous montrent aussi qu’aux yeux du gouvernement en place, l’homophobie n’est pas un problème. S’être opposé au mariage pour tous et contester l’égalité des droits des personnes LGBTQIA+ n’empêche pas de devenir ministre. C’est une violente banalisation des oppressions sexistes et LGBTQIA+phobes, alors même qu’en juillet 2020 l’Assemblée vote l’ouverture à conditions égales de la PMA aux couples de femmes. Il reste néanmoins inacceptable qu’elle ne soit pas ouverte aux hommes trans et aux personnes non-binaires. La PMA doit être ouverte à toutes les personnes, quelles que soient leur identité de genre et leur situation de famille, et ce dans le respect et la reconnaissance de leurs identités, ce qui constitue un droit fondamental humain.
Quant à la nomination de Sebastien Lecornu en tant que ministre d’Outre-Mer, elle confirme le néo-colonialisme de l’État français sur ses territoires. Pourquoi ne pas avoir nommé une personne originaire de ces anciennes colonies ? Les peuples dits d’Outre-Mer ne seraient-ils donc pas capables d’administrer eux-mêmes leurs propres territoires ? Le gouvernement réaffirme ainsi sa position réactionnaire et paternaliste au service de l’ordre néolibéral et raciste.
Ce remaniement ne nous fait cependant pas oublier que le précédent gouvernement nous menait déjà la guerre.
En 2020, les femmes se sont chargées des tâches les « plus essentielles », dans les sphères publique et privée : nous avons occupé majoritairement les postes les plus utiles au pays durant la crise sanitaire, tout en continuant d’assumer gratuitement le travail domestique, largement dévolu aux femmes, et qui ne bénéficie toujours pas de la moindre reconnaissance sociale ni d’un travail sociétal et éducatif de fond sur les stéréotypes de genre. Le salaire des caissières ? Parmi les plus bas, malgré les énormes bénéfices des grandes surfaces. La prime Covid-19 ? Accordée à une minorité de salarié·es, sur des critères volontairement restrictifs. Le salaire des soignant·es ? Parmi les plus bas en Europe. Le salaire des agent·es de nettoyage ? Même schéma, agrémenté de mépris, d’invisibilité et de racisme. Et pour compléter, un projet de loi sur les retraites injuste et inégalitaire pour toutes ces travailleuses indispensables, maintenues jusqu’au bout de leur vie dans une extrême précarité.
Premières impactées par la réforme des retraites, premières exposées et exploitées durant la crise sanitaire et premières méprisées par le gouvernement : les femmes et les minorités de genre disent STOP ! Stop à la guerre sociale, stop à la guerre faite aux précaires, aux femmes et aux minorités de genre !
Les grèves féministes à l’international se multiplient ces dernières années et nous montrent que la lutte contre le patriarcat est de plus en plus visible et organisée. Si les femmes s’arrêtent au travail, dans leur foyer, si elles arrêtent d’éduquer, de prendre soin, de nettoyer, de nourrir, si elles refusent les rôles qu’on leur assigne depuis leur enfance, TOUT s’arrête !
Continuons ces luttes féministes pour que le 8 mars 2021 soit un jour en France où toutes les personnes opprimées s’arrêtent ! Grèves, blocages, occupations, construisons un rapport de force et imposons nos revendications, nos actions et nos modes d’être ! Mobilisons-nous avec les travailleur·ses, syndicalistes, étudiant·es, chômeur·ses dès la rentrée, pour s’arrêter un jour, des semaines, des mois tant que nous n’aurons pas un changement radical pour plus d’émancipation et de justice sociale pour toustes !
Rendez-vous dès la rentrée, le 8 septembre 2020, partout en France !
Envahissons les rues, manifestons, occupons l’espace public pour construire une société juste : féministe, anticapitaliste et antiraciste !
Signataires :
Assemblée féministe Toutes en Grève 31,
Colleurses Grenoble,
Collectif Nîmois Droit des femmes,
DDF Rouen,
Féministes révolutionnaires Nantes,
Femmes Kurdes Toulouse,
Groupe féministe Fougères,
Marseille Féministe,
Nous Toutes 35,
Nous Toutes 38,
Nous Toutes 76 – Le Havre,
Transat.
Pour nous rejoindre, signer l’appel ou avoir plus d’information sur les événements prévus : huit.septembre.feministe@protonmail.com