En ce mois de mai 2020, si un secteur n’est pas “en crise”, c’est bien celui de la production et de la vente d’armes : durant l’année écoulée, les dépenses militaires ont atteint dans le monde le montant record de 1 917 milliards de dollars, une augmentation de 36 % depuis 1990 (fin du “monde bipolaire” !), comme on peut le lire dans L’Humanité du 7 mai.
L’Organisation Mondiale de la Santé, quant à elle, disposait en 2019 d’un budget de 2 milliards.
Ce sont les États-Unis (près de 40 % des dépenses militaires mondiales), la Chine, l’Inde, la Russie et l’Arabie Saoudite qui sont en tête de ce funeste peloton.
Et l’Europe ? L’objectif affiché est de porter les dépenses militaires à 2 % des PIB, et E. Macron, toujours martial, a fait chiffrer dans la loi de programmation militaire (2019-2025), 300 milliards d’euros (soit dix fois plus que l’Allemagne). Quant à l’Afrique, ses dépenses en achat d’armes, spécialement made in France, augmentent alors que cette gabegie diminuait notablement, depuis cinq ans sur ce continent.
Comment agir ?
Quant au Service National Universel (voir articles dans les numéros précédents), il s’inscrit dans ce rêve de puissance militaire du gouvernement Macron. Il s’agit de militariser les esprits dès le plus jeune âge, de fabriquer du consentement, vis-à-vis de l’uniforme, vis-à-vis de cette politique, sous couvert de citoyenneté et de valeurs républicaines, brandies lors du lever des couleurs sur fond de Marseillaise.
Mais l’épidémie du corona suspend le “dispositif”, le calendrier : “le recrutement est prolongé jusqu’au 5 juin”, ce qui tend à montrer que ce n’est pas l’engouement total ! Rappel : 30 000 volontaires attendu·es, suite à une campagne de communication coûteuse, distribuée dans les lycées sur papier glacé !
Et puis, une note d’espoir : le large collectif contre le SNU, qui a initié quelques actions ici où là, depuis novembre dernier, peut devenir une force collective contre la militarisation et ses choix budgétaires inadmissibles. Cela a pu déjà faire bouger les lignes sur le SNU puisque, dans le journal Presse-Océan, paru à Nantes, le mercredi 6 mai, une double page est consacrée au sujet.
Le collectif contre le SNU y est bien cité, à côté d’un long entretien avec une recrue de l’année passée, devenu à seize ans “ambassadeur du SNU”. Il précise bien “on était tous volontaires”. Le gouvernement y est cité “ce n’est en aucun cas le rétablissement du service militaire. Il vise à faire découvrir de nouveaux horizons”. Celui ci envisage de rendre le SNU obligatoire à partir de 2026.
Autrement dit, d’ores et déjà, l’obligation “s’envisage”, et on gagne du temps !
Le temps pour nous, internationalistes, antimilitaristes de continuer à faire vivre des campagnes, portées par le collectif et par toutes celles et ceux qui continuent de dire avec Cabu, toujours vivant, “à bas l’armée” !
Emmanuelle