Émancipation


tendance intersyndicale

Le ministère de la Culture a soixante ans

Après 60 ans d’existence, où en est-on au ministère de la Culture ? On ne peut guère parler de politique culturelle aujourd’hui mais plutôt d’opérations gouvernementales. Ces dernières introduisent une série de ruptures historiques dans le champ culturel.

L’année 2019 s’est déroulée sans les célébrations en grande pompe qui avaient marqué le cinquantenaire sous Frédéric Mitterrand. Pour ses soixante ans, le ministère n’a eu droit qu’à de petits évènements, une décoration des colonnes de Buren, une communication a minima, comme si Franck Riester n’était pas trop sûr de ce qu’il devait commémorer.

Un ministre de la Culture ?

Comparé à d’autres, Franck Riester n’est pas complètement le mauvais cheval : président d’AGIR, un parti de poche de centre droit, il s’est fait remarquer en votant pour le mariage pour tous et toutes. Devenu ministre, il se dit très attaché au dialogue social. Dans son fief électoral de Coulommiers il s’entend très bien avec la CGT locale, nous a-t-il déclaré à son premier CTM, provoquant une franche rigolade du côté de la CGT Culture qui est habituée, comme le SNAC-FSU, à un dialogue social plutôt musclé.

Même s’il donne parfois l’impression de ne pas trop savoir lui-même à quoi il sert, Riester est un homme politique, ce qui nous change plutôt en mieux dans un ministère qui use ses ministres à toute vitesse et qui ne récolte pas que des lumières. Récapitulons : Aurélie Filippetti, femme politique incarnant une gauche de bon ton, se fait virer par Manuel Valls pour déviance, il la remplace par Fleur Pellerin, une techno libérale, puis par Audrey Azoulay, un courant d’air sans consistance. Arrive Macron qui nous fait cadeau de Françoise Nyssen, le naufrage absolu, malhonnête, incompétente et totalement déconsidérée. Après une telle séquence, l’arrivée de Franck Riester a forcément été ressentie comme un léger mieux, affaire de contraste.

Mais est-il ministre de la Culture ? Et qu’est-ce qu’un ministre de la Culture ? Au cours de ces soixante années, nous avons eu de grands ministres de la Culture : Malraux et Lang, bien sûr, mais aussi Duhamel, Tasca et quelques autres, qui étaient porteurs de vraies politiques culturelles. On peut être ou non d’accord avec ces politiques mais on ne peut pas mettre en doute leur réalité et leur impact sur l’ensemble de la sphère culturelle, bien au-delà des frontières du ministère.

Mais pour qu’une politique culturelle voit le jour, il faut d’une part la cohérence d’une vision d’ensemble et d’autre part des moyens, ce qui signifie très concrètement, sous la Ve République, avoir l’oreille de l’Élysée. Malraux-De Gaulle, on comprend, Lang-Mitterrand, on comprend, Riester-Macron, c’est un peu plus compliqué.

Macron a beau être la progéniture monstrueuse de Ricœur et Attali, ou bien précisément à cause de cela, il ne montre pas un intérêt très affirmé pour la culture. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’a pas choisi comme ministre un homme de plume ou un homme de scène mais un concessionnaire Peugeot, qu’il a de surcroit immédiatement placé sous la double surveillance de sa femme Brigitte et de Stéphane Bern.

De ce fait, on ne s’étonnera pas trop que Franck Riester se soit montré un peu perdu en arrivant rue de Valois.

Après plus de dix ans de flottement, on constate une profonde vacuité des politiques culturelles et, sans doute pour compenser, une très vive agitation en termes d’organisation du ministère qui se traduit avec Riester par un incroyable “plan de transformation ministérielle”.

L’éducation artistique et culturelle

Car le ministère de la Culture, dont les missions cardinales sont la sauvegarde du patrimoine, la démocratisation culturelle et l’aide à la création, affiche actuellement une unique ambition en termes de politique nationale : l’éducation artistique et culturelle. Pour le reste, d’un ministère de missions et d’action, volontiers militant, il s’est peu à peu transformé en ministère de gestion.

L’EAC, comme on dit maintenant, n’est pas en soi une mauvaise chose : donner à tous les enfants un accès, même élémentaire, aux œuvres et aux pratiques artistiques, est une idée généreuse, mais encore faut-il savoir pourquoi on se lance dans une telle entreprise.

Car l’EAC n’est en aucun cas une politique. L’EAC est un dispositif qui peut éventuellement entrer dans le cadre d‘une politique, ou être mis au service d’une politique. Nous avons déjà eu ce débat avec Filippetti lorsque, la première, elle en a eu l’idée, et nous avons tenté de le faire comprendre, apparemment sans grand succès, aux ministres suivants.

Qu’est-ce qu’une politique culturelle ? La démocratisation de la culture version Malraux, c’est-à-dire l’ambition de faire de la culture de l’élite un bien commun, voilà qui constituait une politique, discutable sans aucun doute et les discussions n’ont pas manqué, mais dont la nature politique ne pouvait pas être mise en doute.

La démocratie culturelle, c’est-à-dire l’idée que des expressions culturelles de tous ordres sont en perpétuelle gestation dans tous les segments du corps social et que ces expressions sont aussi dignes d’attention que celles de la culture dominante, constitua une autre politique culturelle, tout aussi discutable mais tout aussi réelle, et un autre moment de l’histoire de notre ministère.

De telles politiques mettaient en œuvre de nombreux dispositifs, parfois à très grande échelle, songeons aux Maisons de la culture ou au réseau des musées de France, ou encore à celui des bibliothèques, ainsi qu’à toutes les entreprises de médiation qui y ont trouvé un point d’ancrage.

Mais l’éducation artistique et culturelle, même portée par d’excellentes intentions, ne saurait prétendre au titre de politique. Entendre nos hauts responsables confondre à longueur de semaine un dispositif avec une politique a d’ailleurs quelque chose d’inquiétant, et cela sous un double rapport.

Confusion des genres

D’une part, en s’efforçant de combler le vide de la politique culturelle avec l’EAC, ils font jouer à cet honnête dispositif ainsi qu’à la matière qu’il mobilise (l’“art”, quelle que soit la définition qu’on donne à ce mot) un rôle qui n’est pas le sien. Du coup, sommés de justifier la dimension politique de leur entreprise, ils se mettent à dire n’importe quoi. Pour résumer brièvement : l’art ferait reculer la barbarie. Face au danger que représente la montée d’idéologies anti-démocratiques, l’EAC constituerait une sorte de vaccin social. Énoncé ainsi, cela prête à rire, mais certains comptes rendus de Comités Techniques Ministériels peuvent attester qu’en substance telle est bien leur conviction, même s’ils l’expriment à travers des discours plus compliqués.

On a beau leur répéter que la fréquentation de l’art ne met pas à l’abri de la barbarie et qu’imaginer une telle chose relève d’une pensée magique assez naïve, rien n’y fait. On a beau leur répéter également que l’art n’est pas fait pour ça et que le réduire à la dimension d’un outil d’inculcation de la citoyenneté n’est pas digne d’un ministère de la Culture, rien n’y fait non plus. N’ayant visiblement pas de programme alternatif, ils s’accrochent à leurs illusions.

La deuxième raison de notre inquiétude tient au fait qu’ayant décidé une bonne fois pour toutes que l’EAC était une politique, et même “leur” politique, ils peuvent tranquillement éviter de se poser la question de la politique qu’ils mènent vraiment. Nous avons eu cette discussion avec Filippetti : dans le cadre d’une politique globale menée par un gouvernement libéral qui a pour effet, sinon pour but, la destruction de l’État social et des solidarités, l’EAC peut-elle constituer autre chose qu’une politique de rattrapage ? S’agit-il d’une politique ou d’une politique de “comm” ? Disant cela, nous ne mettions pas en cause la valeur de l’EAC en tant que dispositif mais le vilain rôle que tend à lui faire jouer un gouvernement libéral. Et encore, nous étions sous Hollande, imaginez aujourd’hui ! Et nous pouvions parler de cela avec la ministre de l’époque, argument contre argument, là encore imaginez aujourd’hui !

Le Pass Culture

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Aujourd’hui, l’EAC se voit complétée par “le” fleuron de la pensée culturelle macronienne : le Pass Culture. Là encore, un dispositif se prend pour une politique mais de plus, cette fois, un dispositif éminemment contestable s’affiche comme une solution miracle au supposé problème de la coupure entre les jeunes et la culture (“les jeunes”, “la culture”, on n’en est pas à un essentialisme près).

Le principe du Pass Culture est simple : chaque jeune qui atteint 18 ans reçoit un “chèque Culture” d’une valeur de 500 € qu’il/elle peut dépenser en achat de livres ou de musique sur Internet, ou en allant à des spectacles, suivant une offre coordonnée par une structure privée embauchée par le ministère et accessible à partir d’une “appli” pour téléphone portable.

Outre le scandale lié à sa mise en œuvre (Médiapart a récemment dénoncé les salaires très confortables que s’octroient les dirigeants de la structure à qui est confiée l’opération), le Pass Culture est profondément critiquable sur le fond.

Au lieu de privilégier la médiation et de mettre l’accent sur l’échange et le partage de l’expérience sensible et cognitive, bref, sur ce qui “fait culture” comme on dit couramment, le Pass Culture laisse chaque jeune se débrouiller sur son téléphone pour sélectionner, au gré de sa fantaisie, des produits culturels qu’il/elle est encouragé·e à consommer.

Voilà qui rappelle, la technologie en plus, la “culture pour chacun” de Frédéric Mitterrand : en renversant le vieux slogan du ministère : “la culture pour tous”, le ministre de la RGPP prétendait combattre les “déserts culturels” par l’individualisation des pratiques et des modes d’approche (“à budget constant”, évidemment). Sous le prétexte de combattre l’aspect intimidant des institutions culturelles, il encourageait un mode parcellisé de rapport à la culture, une culture sur mesure, dont le côté totalement inégalitaire était masqué par de bonnes intentions. Cette version sarkoziste de la politique culturelle n’a pas laissé grande trace mais elle refait surface, dans une version techno, avec le Pass culture : Macron, en matière culturelle, c’est Sarkozy avec le Smartphone en plus.

L’affaire Notre-Dame

Mais ces vagues de surface cachent un mouvement beaucoup plus profond, et sans doute plus dangereux, d’arraisonnement de la sphère culturelle par le pouvoir politique, et pas par n’importe quel pouvoir politique : par un pouvoir néo-libéral autoritaire dont l’unique ambition semble être de vouloir rendre les riches encore plus riches et de faire taire les autres.

Davantage que la promotion de Stéphane Bern en “Monsieur Patrimoine”, l’affaire de Notre-Dame est révélatrice de la manière dont ce gouvernement considère la culture et traite le service public qui en a la charge.

L’incendie de Notre-Dame, toutes proportions gardées, c’est un peu les Tours Jumelles du président Macron : on saute avec avidité sur ce qui est objectivement un désastre patrimonial pour ouvrir une séquence politique délirante en s’appuyant sur un consensus national soudé par l’émotion. “Nous reconstruirons Notre-Dame en cinq ans parce que nous le pouvons”, le cap est donné et il n’est pas discutable. Ce délai est aberrant du point de vue de l’état sanitaire de l’édifice comme des exigences techniques de la restauration, mais il devra être tenu car seul prime le caprice présidentiel. Et si, au passage, cet objectif impose de contourner le Code du Patrimoine, celui des Marchés publics, celui de l’Environnement et quelques autres, il faudra s’y faire : à circonstances exceptionnelles, réponse exceptionnelle. Tant pis donc pour les règles communes, ou plutôt tant mieux car, du point de vue libéral, il est toujours utile de montrer que les règlementations forment un maquis qui bride l’action et qu’un pouvoir ayant le courage d’en sabrer quelques-unes crée un heureux précédent en concourant à débarrasser l’État et le pays d’une bureaucratie étouffante.

Et donc, puisqu’on se trouve dans une situation exceptionnelle, allons-y pour une loi d’exception, ce qu’est clairement la loi du 29 juillet 2019 qui crée un établissement public d’exception lui aussi : un OVNI administratif qui emploie des fonctionnaires relevant du statut général et, en même temps, des personnels de droit privé relevant du Code du travail. On a beaucoup discuté le côté baroque des instances de dialogue social de ce qui nous a été présenté très sérieusement en CTM comme un établissement public administratif normal. On a vu qu’à la tête de ce petit monstre, Macron avait choisi de placer un général de 71 ans dont la seule qualité est d’être un paroissien de Notre-Dame. Il faut dire que, dans la version initiale du décret de création de l’EP, la Loi de séparation des Églises et de l’État n’était même pas mentionnée. Las, le général se révèle être une baderne brutale qui malmène “ses gens”, y compris, publiquement, l’architecte en chef des Monuments historiques, notre collègue de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui n’a pas trop bien pris la chose.

Bien sûr, toute cette entreprise repose sur la générosité des donateurs privés, chaque citoyen·ne étant invité·e à verser son obole. Bien sûr aussi, les gros poissons habituels ont rappliqué ventre à terre pour faire assaut d’annonces tonitruantes, Pinault et Arnaud se poussant des coudes dans leur rôle de super-mécènes. On se souvient qu’un ancien ministre de la Culture de Chirac, Jean-Jacques Aillagon, avait lui aussi mené sa petite “politique culturelle” en instituant un régime de réduction fiscale très incitatif pour les achats d’œuvres d’art ou le soutien à quelques grandes causes culturelles. Aujourd’hui, Monsieur Aillagon a pu bénéficier en tant que directeur de la Pinault Collection des générosités de sa propre loi, pratique !

Un plan de transformation ministériel

Pendant qu’à l’extérieur du ministère de la Culture, Macron s’occupe de patrimoine, à l’intérieur du ministère, Riester réforme. Le “Plan de transformation ministériel” est la dernière resucée d’“Action publique 2022”, qui n’était autre qu’un Xième avatar de la RGPP, tout cela s’emboite.

Le plan de transformation ministériel s’articule autour de quatre grands objectifs : “Remettre du sens dans les politiques culturelles”, “Un ministère plus fort pour répondre aux enjeux de demain”, “Un audiovisuel renforcé” et “La culture, une priorité pour les jeunes”.

Au-delà de ces jolis titres, qui prouvent que les services de communication travaillent, tout n’est pas entièrement neuf : “La culture, une priorité pour les jeunes” recouvre tout simplement l’EAC et le Pass culture. L’“Audiovisuel renforcé” devrait se traduire par la nouvelle loi audiovisuelle qui va revisiter la loi Léotard de 1986 (quand le ministère a vendu TF1, le Canard titrait : “Ministre de la culture, Léotard vend une chaîne de télé, ministre de la famille, il vendrait père et mère”, le ton était donné). On va bien voir, mais Radio-France n’a pas attendu les annonces pour se mettre en grève. “Remettre du sens…” vise essentiellement les politiques publiques de soutien à la création et la promotion des métiers d’art, ainsi que le parcours des créateur·trices (écoles, résidences d’artistes, etc.). Il y aurait tant à dire sur les métiers d’art et la manière honteuse dont le ministère les utilise pour dorer son image (y compris à Notre-Dame) tout en les laissant tomber et en massacrant sa propre filière technique : lorsque les restaurateurs/trices de la BNF sont contraint·es de casser des reliures anciennes pour faciliter la numérisation, cela ne gène personne rue de Valois.

Mais le morceau de choix du plan de transformation ministériel est sans conteste : “Un ministère plus fort pour répondre aux enjeux de demain”. Il s’agit d’une réforme de l’organisation du ministère qui se décline en trois chapitres : “simplicité pour les usagers” (entendons : numérisation des procédure et simplification), “proximité” (ce qui veut dire déconcentrations et délégations de compétences) et “réorganisation de la centrale”.

Un ministère plus fort ???

Réorganiser la centrale revient à achever le mouvement visant à créer une administration “centrée sur la conception, le pilotage et l’évaluation des politiques culturelles” (donc hors sol), en évacuant toute la partie opérationnelle vers les établissements publics. Avec plus de quatre-vingt établissements publics, le ministère de la Culture se trouve dans un état de totale balkanisation. Alors qu’il devrait être le garant d’une politique culturelle nationale, le ministre peine à faire reconnaître sa tutelle par des directions dont les nominations lui échappent pour la plupart. Quand on est nommé par Macron, on ne va pas perdre du temps avec Riester, d’autant que les subventions ministérielles ne cessent de diminuer par rapport aux ressources propres (le Louvre perd 11 millions d’euros sur la subvention de l’État en 2020, à charge pour lui de compenser en billetterie, produits dérivés et privatisations diverses).

Dans le même mouvement, la gestion du personnel est, elle aussi, déléguée aux EP : deux mille collègues jusqu’ici payé·es par le ministère sont désormais payé·es par leur établissement, avec toutes les dérives inégalitaires que cela suppose. La centrale ne payera bientôt plus que ses propres agent·es et ceux des DRAC.

Mais les DRAC ne sont pas épargnées par le plan de transformation ministériel. Sous prétexte de proximité et de simplification, des missions assurées par la centrale leur sont transférées (sans nécessairement de transfert de personnel, débrouillez-vous). Ainsi, les labels “Ville d’art et d’histoire”, “Musée de France”, les aides aux festivals, les décisions de reconnaissance des établissements d’enseignement artistique vont, parmi bien d’autres, être transférées aux DRAC. Aux DRAC, c’est-à-dire en clair aux préfet·es, c’est le/la préfet·e, et non plus le/la ministre, qui valide les projets scientifiques et culturels des musées : Castaner devient de fait directeur des musées de France, une grande avancée démocratique !

Simplifier !

Simplifier, c’est aussi supprimer un certain nombre de commissions, c’est une instruction interministérielle à laquelle la culture n’échappe pas. Parmi les suppressions, celle du Haut comité des commémorations nationales ne va peut-être pas être considérée comme une perte irréparable mais méfiance, nous sommes sous Macron, où est le piège ?

Est supprimée sans discussion et sans explication la Commission scientifique nationale des collections, c’est elle qui donne un avis sur certains dossiers extrêmement sensibles de déclassement des collections nationales d’œuvres conservées dans les musées. Il est fait appel à ses compétences par exemple dans les cas de restitutions d’œuvres spoliées ou acquises dans des conditions douteuses au gré de notre histoire coloniale.

Mais la Commission scientifique des collections veille au grain quant au respect du principe d’inaliénabilité des collections publiques. Cette commission supprimée, voilà un verrou qui saute sur la voie qui mène à la suppression d’un principe attaqué depuis une vingtaine d’année par les lobbys libéraux : selon eux, les responsables politiques devraient pouvoir aliéner du domaine public des œuvres considérées comme non essentielles des collections dont ils sont dépositaires.

Dit plus simplement : un maire devrait avoir le droit de vendre “son” Rubens pour payer “son” stade. C’est le principe d’inaliénabilité qui a fait que, au cours du temps, les collections publiques ont pu se constituer et qu’elles n’ont pas été démantelées.

Et ce principe remonte en droite ligne à l’édit de Moulins qui, en 1566, institue le domaine royal, ancêtre du domaine public. Depuis, ce principe a constamment été respecté, jusqu’à aujourd’hui. Ce que ni Louis XIV ni Napoléon ne se sont sentis autorisés à faire, Macron, président d’une République finissante, élu avec 18 %, des voix au premier tour, n’aurait apparemment aucun remords à le tenter.

Un ministère plus fort pour répondre aux enjeux de demain”, ces gens-là ont tellement l’habitude de vivre dans le cynisme qu’ils ne s’en rendent même plus compte.

Frédéric Maguet,

Secrétaire général du SNAC-FSU


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