Tract distribué par Émancipation à l’entrée du congrès FSU
L’appel des transports, RATP, puis SNCF à la grève illimitée jusqu’au retrait du plan Macron-Delevoye était connu depuis l’impressionnante grève semonce de la RATP en septembre. Malgré tout, ce sont des considérations statutaires et financières qui ont conduit l’exécutif de la FSU à ne pas reporter ce congrès, prévoyant ainsi qu’il serait profondément perturbé, du fait de l’absence de transports et de l’impératif pour les militant·es d’être sur le terrain pour prendre toute leur part dans cette mobilisation dont l’importance et les enjeux n’échappaient à personne.
À présent que nous y sommes, le 5 a bien été historique et ses suites s’annoncent du même ordre, avec les impressionnants taux de grévistes, la diversité des publics touchés du privé comme du public, la participation très forte de l’éducation qui a surpris tout le monde, les manifestations énormes par le nombre et le dynamisme, égalant ou dépassant décembre 1995 et 2003.
Le gouvernement a été pris de court par le million et demi de manifestant·es, alors qu’il en prévoyait 300 000 (du fait, sans doute, de sa dangereuse et spectaculaire dissuasion policière), par les reconductions massives y compris dans des secteurs où on n’avait jamais vu ça. En mauvaise posture, il manie les carottes les plus improbables et le bâton policier de plus en plus violent contre les lycéen·nes et les manifestations. Mais en vain, la mobilisation s’enracine et s’étend.
Devant ce mouvement exceptionnel, qui dépasse tous les pronostics et s’apparente d’emblée aux grandes luttes qui ont permis de gagner ou de conserver les acquis actuellement attaqués par Macron, il est inconcevable et ne serait pas compris que le congrès se déroule comme d’habitude, avec une déclaration solennelle introductive, une rapide participation à la manif locale du mardi et des discussions thème par thème sur tous les développements des pré-rapports. Et surtout, avec un débat action en fin de semaine pour faire l’histoire d’une mobilisation qui se sera construite sans nous, sans une bonne partie des militant·es d’un des secteurs les plus engagés, parce que le plus attaqué.
À défaut d’avoir été reporté,
le congrès doit à la fois permettre :
– de traiter au plus vite de l’action et donc dès ce lundi après-midi pour lancer un appel clair à la reconduction dès mardi, ce qui permet de libérer le vendredi pour que les 700 militant·es présent·es au congrès, puissent rejoindre plus rapidement leurs départements. Et ainsi qu’ils et elles puissent reprendre au plus vite leur place dans cette lutte déjà puissante, mais qui a encore besoin du soutien et de la participation des structures syndicales dont ils/elles ont la responsabilité, et de chacun·e dans les AG d’établissements, de villes, départementales ou régionales et dans son quartier ;
– de débattre et trancher sur les questions essentielles le plus directement en rapport avec le mouvement et avec les attentes qui s’y expriment : les retraites, les salaires et les garanties sociales, les conditions de travail et bien sûr les modalités de lutte avec les incontournables évolutions liées à la forme du mouvement et à sa force : revendications pour unifier la riposte, retrait et abrogation ; temps forts de grève/grève reconductible/grève jusqu’à satisfaction ; rapports syndicat/AG/coordinations/comités de grève ; caisses de grèves ; concertation/négociations ; lutte contre la répression policière, judicaire et administrative… Toutes ces questions se sont posées lors de la grève du bac et se posent de plus en plus dans les AG aux différents niveaux. Plus la FSU y répondra rapidement et clairement, même éventuellement avec des questions qui resteraient en débat, mais après qu’elles aient été approfondies par des arguments travaillés qui ne soient ni d’autorité, ni de simple majorité, moins la fédération aura à être inquiète de retrouver une large confiance des personnels. Une confiance qui se traduise par la syndicalisation et la militance, particulièrement des jeunes, plutôt que dans des élections paritaires de plus en plus vidées de leur sens. Et d’ailleurs, à ce sujet il convient de convoquer un congrès extraordinaire le plus rapidement possible pour décider des orientations non directement en rapport avec la mobilisation engagée comme par exemple la forme de syndicalisme à mettre en œuvre face aux conséquences de la loi de tranformation de la Fonction publique sur le paritarisme.
L’action doit être traitée dès ce lundi après-midi pour libérer le vendredi et permettre aux militant·es de retourner plus rapidement sur le terrain, tout en laissant un temps suffisant au congrès pour avancer sur les questions les plus urgentes concernant le mouvement en cours et pour participer réellement aux manifestations locales du 10 et du 12 décembre.
La FSU doit se prononcer pour le retrait du projet de retraite à points Macron-Delevoye, qui n’est ni amendable ni négociable
Le projet Macron vise à diminuer les retraites et à récupérer la masse énorme d’argent des retraites pour le faire travailler, non pas pour les retraité·es actuel·les ou futur·es mais pour la finance. Et c’est là un pan essentiel de la guerre de classe que mène le capitalisme dans le monde, incarnée en France par Macron, la marionnette que celui-ci a construit.
Cette réforme est essentielle pour le capitalisme et le patronat, c’est la raison pour laquelle Macron tente de diviser le front de lutte par le flot de mensonges dans la presse aux ordres et dans les concertations avec les syndicats, par des promesses sectorielles (conserver leurs avantages aux forces de répression, à l’armée et aux syndicats les plus prompts à se désolidariser du mouvement) et par la répression de la mobilisation (notamment des manifestations pour dissuader d’y participer).
La FSU doit contribuer à généraliser la grève, en étendant la mobilisation
Il est urgent de renforcer et d’étendre le mouvement pour aller vers la généralisation de la grève, ce qui suppose :
– d’appeler à la grève reconductible à partir du mardi 10 décembre ;
– de favoriser, si possible avec les intersyndicales de lutte, à tous niveaux, l’auto-organisation de la grève par des AG de délégué·es mandaté·es, des comités de grève en les coordonnant à chaque fois que possible géographiquement et sur le plan interprofessionnel.
– avec des revendications claires et qui favorisent l’unité public-privé : retrait du projet Macron et refus de tout système à points, pas touche au code des pensions, ni aux régimes spéciaux. Amélioration des retraites pour tou·tes : retraite à 60 ans maximum, après 37,5 annuités, à taux plein, calculé sur les six derniers mois dans le public et les dix meilleures années dans le privé ;
– de maintenir dans la lutte, à tous niveaux des établissements, écoles ou services jusqu’au national, en plus des exigences sur les retraites, les revendications les plus unifiantes pour améliorer les conditions de travail et de vie de chaque secteur. Cela permet d’augmenter la participation de chacun de ces secteurs et donc la force du mouvement. Et il est clair qu’un premier recul de Macron sur les retraites ouvrirait de toutes autres perspectives de luttes pour imposer ces revendications ;
– de renforcer les liens interpro pour unifier et étendre le mouvement, soutenir les secteurs non encore mobilisés ou plus difficiles à mobiliser parce que “sans” (logis, travail, papiers…), précaires ou soumis à forte répression (jeunes, quartiers populaires, femmes de chambre des hôtels de luxe.) ;
– d’intégrer dans la plate-forme revendicative le refus de la répression policière, judiciaire, administrative ;
– de favoriser la convergence de toutes les luttes, de toutes les façons différentes d’être dans la lutte, sans les opposer. De s’adapter à des situations très vite changeantes et ne pas hésiter à innover dans les formes de lutte ;
– de mettre en place des caisses de grève.
Émancipation tendance intersyndicale