Pour le retrait du projet de retraite par points
Pour étendre la mobilisation, il faut partout, sur les lieux de travail ou d’étude, dans les villes, dans les syndicats continuer à montrer que le projet des retraites à points Macron Delevoye, créerait de telles régressions pour tou·tes et qu’ils livrerait les fonds des caisses de retraite à la spéculation des gouvernements, de la finance et des fonds de pension étrangers. Il n’est donc ni amendable ni négociable. Et la lutte doit s’amplifier jusqu’à son retrait.
La prétendue universalité du système à points, par nature individualisant, ne tient pas la route : il engloberait les indépendants et les agriculteurs trices qui avaient refusé en 1945 de rejoindre le système général par répartition, parce qu’il n’était pas intéressant pour eux et elles. Ils/elles ne pourront, comme tous les autres “bénéficiaires” que faire le même constat avec le système par points. Où est l’“Universalité” d’un système dans lequel diverses catégories conserveraient leurs droits actuels, par le fait du prince. Des droits qui pèseraient sur la valeur du point de tou·tes.Tous les simulateurs montrent bien que le passage à ce système occasionnerait pour chacun·e une perte de plusieurs centaines d’euros par rapport au système actuel. Mais en plus, ces simulateurs ne tiennent pas compte de la baisse de la valeur du point liée au maintien des garanties actuelles pour les catégories choisies par Macron, ou de toute autre mesure générale, comme un minimum retraite pour tou·tes puisque la part du PIB consacrée aux retraites va rester fixe et comme le nombre de retraité·es sera en augmentation sensible, la valeur des points acquis se dévaluera d’année en année. Là réside le piège de cette réforme dont personne ne veut. Les pseudo désaccords au sein du pouvoir sur l’âge de départ ou le nombre d’annuités ne sont faits que pour occuper la galerie.
Le système actuel est de tous les points de vue meilleur
Le système actuel de retraites a été construit par les luttes des générations passées, de la résistance, de l’après guerre…, pour les générations futures et il serait inconcevable que celles et ceux qui ont profité de ce ce système solidaire acceptent d’en priver leur enfants ou petits-enfants, ou même simplement celles et ceux qui sont plus jeunes dans les entreprises et services. Et de ce point de vue, la clause dite du grand-père est inacceptable.`
D’autant que ce système est adaptable à la modernité des besoins :
– Il est stable et lisible dans le temps, chaque année de travail apportant environ 2 % de la pension de retraite.
– Il marque la solidarité entre actif·ves et retraité·es, en tant que salaire continué grâce aux principes de la cotisation fixe, assumée également par l’employeur, et de la répartition (les cotisations des actif·ves au temps t payant les retraites au même temps t)
La solidarité est également prévue même si elle gagnerait à être améliorée (avantages familiaux, prise en compte des enfants ou reversions pour les femmes, qui sont encore loin d’équilibrer leurs discriminations au niveau des salaires, et des périodes de chômage, pénibilité et sujétion particulières pour les régimes spéciaux…).
Mais surtout le système actuel est indépendant du pouvoir et des spéculateurs capitalistes par la gestion syndicale des fonds sociaux de la sécurité sociale dont la caisse retraite est un des piliers.
Macron ne peut pas se permettre de perdre…
Nous non plus !
Le projet Macron vise donc à diminuer les retraites et à récupérer l’énorme masse d’argent des retraites pour la faire travailler, non pas pour les retraité·es actuel·les ou futur·es mais contre ils/elles. Et c’est là un pan essentiel de la guerre de classe que mène le capitalisme dans le monde, incarnée en France par sa marionnette Macron.
Cette réforme et essentielle pour le capitalisme et le patronat, c’est la raison pour laquelle Macron tente de diviser le front de lutte par un flot de mensonges dans la presse aux ordres et dans les concertations avec les syndicats, par des promesses sectorielles (conserver leurs avantages aux forces de répression, à l’armée et aux syndicats les plus prompts à se désolidariser du mouvement) et par la répression de la mobilisation (notamment pour dissuader de participer aux manifestations).
Étendre le mouvement
En face il est urgent de renforcer et d’étendre le mouvement pour aller vers la généralisation de la grève, ce qui suppose :
– de construire, si possible avec les intersyndicales de lutte, à tous niveaux l’auto-organisation de la grève par des AG de délégué·es mandaté·es, des comités de grève en les coordonnant à chaque fois que possible géographiquement et sur le plan interprofessionnel. Avec des revendications claires et qui favorisent l’unité public-privé : retrait du projet Macron et refus de tout système par points, pas touche au code des pensions, ni aux régimes spéciaux. Amélioration des retraites pour tou·tes : retraite à 60 ans maximum, après 37,5 annuités, à taux plein, calculé sur les six derniers mois dans le public et les dix meilleures années dans le privé ;
– de maintenir la lutte, à tous niveaux de l’entreprise ou du service jusqu’au national, en plus des exigences sur les retraites, les revendications les plus unifiantes pour améliorer les conditions de travail et de vie de chaque secteur. Cela permet d’augmenter la participation de chacun de ces secteurs et donc la force du mouvement. Et il est clair qu’un premier recul de Macron sur les retraites ouvrirait de toutes autres perspectives de luttes pour imposer ces revendications.
– de renforcer les liens interpro pour unifier et étendre le mouvement, soutenir les secteurs non encore mobilisés ou plus difficiles à mobiliser parce que “sans” (logis, travail, papiers…), précaires ou soumis à forte répression (jeunes, quartier populaire, femmes de chambre des hôtels de luxe…) ;
– d’intégrer dans la plate forme revendicative le refus de la répression policière, judiciaire, administrative ;
– de favoriser la convergence de toutes les luttes, de toutes les façons différentes d’être dans la lutte, sans les opposer ; de s’adapter à des situations très vite changeantes et ne pas hésiter à innover : si des communaux bloquent l’accès à la ville, s’il y a blocage des transports ou des dépôts de carburants, si le co-voiturage, le vélo ou le stop une marchent pas, il est toujours possible d’organiser des manifs locales, sans oublier de les médiatiser. Ne pas perdre non plus de vue qu’un non gréviste aujourd’hui peut l’être demain ou au moins verser à la caisse de grève.
Olivier Vinay
À propos de la retraite par points : un exemple concret, les retraites complémentaires
Des retraites par points existent déjà : les retraites complémentaires. Parmi elles l’IRCANTEC, la retraite des agents non titulaires de l’État, des collectivités publiques, et… des élu·es locaux.
La valeur du point IRCANTEC est de 0,48031 euros en 2019, cette valeur étant réévaluée chaque année (0,47887 au 1/10/2017). La valeur du point est calculée à partir de la part du salaire ayant servi au calcul des cotisations. N’est-ce pas d’une clarté d’eau de roche ?!!
Pour avoir travaillé en tant que MA3 entre décembre 1977 et fin août 1986, dont une année de chômage en 79/80 , j’ai acquis 1731 points, soit une retraite de 834,90 euros bruts par année…
La valeur du point est différente selon les retraites complémentaires, 0,04532 euros pour la retaite RAFP, 1,25130 euros pour l’AGIRC-ARRCO, le mode calcul des points aussi.
Alors NON ! La retraite par points ce n’est pas la transparence, et encore moins la garantie d’une pension. Qu’on se rappelle, pour les enseignant·es titulaires, l’histoire de la MRIFEN devenue UMR, et comment la valeur des points acquis a fondu comme neige au soleil.
Tout le monde est concerné.
La réforme des retraites s’articule avec celle de la Fonction publique qui va généraliser les emplois contractuels. Ces réformes doivent mobiliser tous les personnels, titulaires et non-titulaires, CDIsé·es des trois Fonctions publiques, pour s’opposer à cette Casse Sociale Généralisée.
Michel Rivet