Émancipation


tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

La vermine cléricale ne change pas…

L’Église catholique est dans une tourmente amplement méritée, résultat logique de son idéologie et de son fonctionnement. Le sociologue Josselin Tricou dans L’Humanité (21/2/2019) avait posé la question centrale, partant du fait que les travaux ayant révélé (une petite partie) des scandales liés aux viols et au harcèlement sexuel avait été réalisés en-dehors de l’Église : “L’Église est tellement embourbée dans les scandales qu’elle ne peut y arriver toute seule […] Pour lutter contre les abus, il faudrait que l’Église adopte une dissociation des pouvoirs et entre dans une sorte de culture démocratique. C’est très compliqué pour elle”. En effet, c’est même contradictoire avec ses principes d’organisation. Si la papauté essaie d’éteindre le feu et reconnaît du bout des lèvres que l’Église a bien contribué aux idéologies d’infériorisation de la femme… le naturel revient très vite au galop. Après tout, il faut rester mesurés sur ces questions : “On a toujours l’impression qu’un viol c’est de la violence. Au départ, je ne le crois pas” (abbé de La Morandais, le 18 mars sur LCI). D’ailleurs en Pologne, l’Église mène la croisade contre les homosexuel·les, faisant de l’homophobie un thème central pour les prochaines législatives : comme en France avec la Manif pour tous, il est question de dégénérescence de la jeunesse, d’éducatrice·teurs apprenant aux enfants à se masturber, etc. Le débouché logique de la propagande catholique totalitaire est l’agression physique de la Gay pride dans la ville de Bialystok le 22 juillet.

Quentin

… et le patronat non plus !

Notre revue de décembre 2018 (p.36) en parlait : l’OIT était sur la voie d’adopter une convention sur “l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail”. C’est chose faite depuis le 21 juin : il y a maintenant une convention et une recommandation de l’OIT. Rappelons rapidement qu’une convention de l’OIT, si elle est ratifiée par un pays, est contraignante et peut constituer un point d’appui pour les organisations syndicales. Même si le titre de cette convention peut faire sourire quand on voit la situation réelle du monde du travail, il faut rappeler qu’environ 1/3 des États n’ont tout simplement aucune législation concernant le harcèlement sexuel au travail, et que certaines des dispositions votées vont parfois plus loin que la législation française actuelle. Pour autant, ce n’est bien entendu qu’un compromis. D’abord, dans les formulations : si la convention reconnaît que “la violence et le harcèlement fondés sur le genre touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles”, il ne s’agit pas d’une convention spécifique sur les violences sexistes et sexuelles comme demandé par les organisations syndicales. C’est une convention sur la violence et le harcèlement au travail, avec un volet spécifique sur les violences fondées sur le genre… et qui implicitement distingue harcèlement sexuel et violence. Toute une série d’autres points relèvent aussi du savant compromis, et surtout le principal problème va être celui de la ratification par les États. Pour ce qui est de la France, le patronat qui en fait des tonnes le 8 mars, a voté pour la convention (après avoir essayé de la limiter à des aspects symboliques)… mais pas pour la recommandation, plus précise, car “trop prescriptive”. Comme d’habitude, si le profit capitaliste est un tant soit peu écorné, ce n’est pas possible !

Quentin